Intervention de Bérangère Couillard

Réunion du mercredi 27 juillet 2022 à 16h50
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Bérangère Couillard, secrétaire d'État :

Monsieur Cazeneuve, lors de son déplacement en Gironde, le Président de la République a fait plusieurs annonces importantes : le renforcement des moyens de lutte, notamment aériens ; le lancement d'un grand chantier de reboisement des forêts sinistrées ; l'ouverture d'une réflexion de fond pour améliorer la prévention contre le risque d'incendie, qui s'aggrave avec le changement climatique.

Vous l'avez rappelé à juste titre, la gestion et l'exploitation durable de nos forêts contribuent à réduire leur vulnérabilité. Nous devons engager un effort de long terme pour adapter les forêts au changement climatique. Des forêts gérées et plus résilientes, ce sont des forêts qui dépérissent moins et qui comportent moins de biomasse sèche et inflammable. Les assises de la forêt et du bois ont établi une feuille de route pour l'adaptation des forêts. Nous la mettrons en œuvre et l'amplifierons. Des moyens ont d'ores et déjà été validés.

Il faut rappeler une évidence : la forêt n'est pas en elle-même la cause du risque. Ce sont des mises à feu intentionnelles ou accidentelles qui déclenchent les incendies. S'il n'y en a pas, la forêt ne brûle pas. Il nous faut donc avant tout renforcer la préservation et la prévention. Dès le mois de février dernier, le Gouvernement a lancé des missions interministérielles, qui remettront une première série de propositions à l'automne. C'est sur ce fondement et grâce aux retours d'expérience des territoires que nous ferons évoluer notre politique de prévention. Au cours des dernières semaines, nous avons multiplié les déplacements dans des forêts touchées, à un moment ou à un autre, par des incendies. Nous nous nourrissons de toutes ces expériences de terrain.

Le débroussaillement en lisière de massifs – entre les forêts et les habitations ou les infrastructures de transport – n'est pas suffisant. Ce problème devra être traité. Les obligations légales de débroussaillement ont vocation à être renforcées. Plusieurs pistes sont à l'étude ; certaines devront faire l'objet d'un travail avec les associations d'élus et les parlementaires. L'objectif est de trouver les solutions efficaces et les plus acceptables.

Monsieur Blairy, je vais explorer la piste que vous suggérez, à savoir le recours aux gardes particuliers. Je m'engage à vous répondre prochainement à ce sujet.

Plusieurs d'entre vous m'ont interrogée sur l'agropastoralisme. L'enjeu est la résilience des territoires, qu'ils soient forestiers ou agricoles. Le maintien de l'écosystème ouvert grâce au pastoralisme y contribue, notamment dans les zones de montagne. Tous les milieux – forêts, prairies, cultures – sont concernés, et les solutions sont à adapter. Nous continuerons à soutenir l'agropastoralisme, en lien avec le ministère de l'agriculture et les différentes filières. Nous aurons l'occasion d'y revenir.

Vous avez évoqué, monsieur Bricout, la création d'un ministère de la protection civile. Je pourrai éventuellement soumettre cette idée à Mme la Première ministre. La sécurité civile relève de la responsabilité du ministère de l'intérieur. Faut-il désigner un ministre délégué ou un secrétaire d'État qui en serait chargé plus spécifiquement ? Je ne sais pas. Je vous suggère d'aborder le sujet dans une question écrite ou lors des questions au Gouvernement.

Monsieur Thiébaut, les assises de la forêt et du bois ont débouché sur une feuille de route solide, validée le 16 mars dernier. Les ministres concernés et moi-même avons rencontré ce matin les responsables de la filière bois pour la mettre en œuvre. Nous avons prévu de nous revoir à la rentrée, juste après la pause estivale, pour faire un point d'avancement. Le Conseil supérieur de la forêt et du bois (CSFB) pourrait y participer. Sachez que 90 % des vingt-cinq mesures annoncées ont déjà été engagées. Nous n'avons pas attendu les récents incendies pour agir.

S'agissant des moyens financiers, je tiens à vous rassurer : un soutien sera apporté à la filière bois ; tous les appels à projets qui la concernent ont été lancés. Pour le reboisement, 78 millions d'euros ont déjà été engagés en 2022.

Monsieur Adam, les incendies provoquent effectivement d'importantes perturbations : ils émettent des gaz à effet de serre tout en affectant les stocks de carbone forestiers.

Pendant les feux, nous gérons l'urgence. Nous avons tendance, et c'est bien normal, à donner la priorité au sauvetage des biens matériels, le cas échéant au détriment de la forêt. En Gironde, grâce au travail formidable des sapeurs-pompiers, seules quatre ou cinq maisons ont été détruites, chiffre à mettre en parallèle avec les dizaines de milliers d'hectares qui ont brûlé.

Il convient de mener une réflexion à ce sujet : quelle doit être la priorité ? À quel moment considère-t-on que la destruction de la forêt n'est plus acceptable ? Lorsqu'une forêt brûle, vous l'avez évoqué, c'est une perte considérable.

Concernant les puits de carbone, je vous ferai une réponse plus complète ultérieurement.

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