Intervention de Jérôme Nury

Réunion du mercredi 3 août 2022 à 11h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Nury :

Par vos réponses au questionnaire et par votre propos liminaire, vous vous attachez à démontrer que vous êtes la candidate idéale – c'est le jeu, et la brillante énarque que vous êtes connaît l'exercice par cœur. Vous avez d'ailleurs été formée pour pouvoir répondre à ce type de procédure quel que soit le poste à responsabilité dont il est question. Toutefois, sans que cela remette en cause votre talent et votre exceptionnel parcours universitaire et professionnel, je m'interroge sur la réelle adéquation entre votre profil et le poste de président de la CRE.

Tout d'abord, il paraît essentiel, et c'est même une lapalissade, de connaître précisément le domaine des énergies et de la régulation. Ainsi, les précédents présidents de la CRE, qu'il s'agisse de Jean Syrota ou de Philippe de Ladoucette, étaient des experts de ces questions et avaient effectué une partie de leur carrière, l'un au CEA, le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, l'autre aux Charbonnages de France, ce qui leur donnait une légitimité technique incontestable – davantage que les quelques connaissances sur l'isolation des combles ou les pompes à chaleur nécessaires pour mettre en place MaPrimeRénov'. J'ai d'ailleurs souri – jaune – lorsque, pour justifier de votre compétence sur la question de l'énergie, vous précisiez dans votre réponse écrite que vous aviez participé, au Luxembourg, en novembre 2021, à une réunion des ministres européens de l'énergie. Il m'arrive, à moi aussi, dans le cadre de mes fonctions, de participer à des petits-déjeuners aux tripes, mais cela ne fait pas de moi pour autant un charcutier !

Ensuite, un tel poste suppose une totale objectivité. Là encore, le parcours des précédents présidents de la CRE montre de grands représentants de l'État qui n'ont jamais franchi avant leur nomination le Rubicon menant au Gouvernement. Jean-François Carenco, par exemple, a suivi un itinéraire logique qui l'a mené du poste de président de la CRE à celui de ministre, et non l'inverse. Ayant eu d'éminentes responsabilités politiques et étant encore aujourd'hui conseillère régionale en Île-de-France, vous prenez le risque de politiser ce poste, et donc d'en réduire les marges de manœuvre et l'efficacité, alors que, plus que jamais, il nous faut un président fort, écouté, incontesté et indépendant pour faire évoluer le système rapidement, afin que les Français puissent avoir encore demain accès à une énergie en quantité suffisante et à des tarifs abordables.

Enfin, votre nomination ressemble beaucoup trop à un recasage en règle, à la suite de votre échec cuisant aux élections législatives de juin. Est-il décent, quelques semaines seulement après le rejet massif de votre candidature au mandat de députée par les électeurs du Val-de-Marne, de revenir briguer un poste aussi stratégique, prestigieux et rémunérateur ? Avec votre nomination, sommes-nous dans la République exemplaire prônée par la Macronie depuis cinq ans ? Vous avez dit que ce ne sont pas forcément les vieilles recettes de droite et de gauche qui vont régler les problèmes de la France, mais force est de constater que ces mêmes vieilles recettes pourraient régler votre situation personnelle.

Pourquoi ne demandez-vous pas tout simplement votre réintégration de droit dans votre corps d'origine en tant que haut fonctionnaire, c'est-à-dire à la Cour des comptes ?

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