Intervention de Julie Laernoes

Réunion du mercredi 3 août 2022 à 11h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulie Laernoes :

La CRE aura un rôle primordial, notamment pour renforcer la surveillance des marchés de l'énergie et garantir leur efficacité et leur transparence. Au moment où nous revient le choix de valider votre nomination, le groupe Écologiste affiche beaucoup de scepticisme à l'égard de cette candidature.

Tout d'abord, parce que la CRE a pour principes principaux l'indépendance, la transparence et l'impartialité. Ce serait, avec votre nomination, la première fois depuis la création de la CRE, en 2000, qu'une politique serait proposée pour la présider. Bien que vous proposiez de démissionner de mandats et fonctions a posteriori, on voit bien les implications politiques évidentes que cela comporte.

Comment pourriez-vous garantir l'indépendance totale vis-à-vis de l'exécutif et une objectivité totale des décisions et avis de la CRE sur la situation énergétique et les retards en matière de transition énergétique ?

Ensuite, nous nous interrogeons également sur votre passage dans le secteur privé, notamment chez Danone, où vous avez défendu l'huile de palme, mais également sur votre engagement au sein d'une association controversée, Teach for France, financée par McKinsey. Pouvez-vous garantir également que vous agirez au service du seul intérêt public et qu'aucun intérêt privé ne viendra gêner le travail de la CRE ?

Enfin, l'indépendance, c'est aussi le fait que votre prédécesseur fustigeait les retards, notamment de la France, en matière de production d'énergie renouvelable. Vous qui avez été responsable et comptable de ce bilan dans vos fonctions précédentes de ministre, aurez-vous la même capacité à interroger le bilan de l'action gouvernementale ?

La régionalisation des appels d'offres de la CRE ne permettrait-elle pas de lever les freins au développement des énergies renouvelables ?

Pouvez-vous préciser votre vision de la sobriété et de l'efficacité énergétiques ? Les avancées en la matière ont été modestes sous le précédent quinquennat : seulement 0,2 % des travaux concernent une rénovation globale des logements alors que 94 % d'entre eux affichent une performance énergétique inférieure à la classe B. Selon la Cour des comptes, le dispositif MaPrimeRénov' finance des travaux simples dont l'impact sur la consommation énergétique est limité – c'est la quantité plus que l'efficacité qui est recherchée.

Au-delà des tensions géopolitiques, la crise actuelle est le fruit de choix stratégiques des gouvernements de ces dernières années auxquels vous avez appartenu. Dès lors, comment pouvons-nous croire à votre capacité à agir en toute indépendance, impartialité et transparence pour protéger les consommateurs, veiller au bon fonctionnement des marchés, innover et accélérer la transition énergétique ?

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