Intervention de Catherine Colonna

Réunion du mardi 13 juin 2023 à 17h35
Commission des affaires étrangères

Catherine Colonna, ministre :

Vous avez raison de rappeler que la gravité de la situation en Ukraine et les implications de ce qu'il s'y passe pour notre sécurité au cours des décennies à venir ne doivent pas nous faire oublier le sort du peuple birman. Là aussi, des sanctions ont été prises après le coup d'État, qui n'amènent malheureusement pas la junte à modifier son comportement. Le Conseil de sécurité a demandé la libération des prisonniers politiques et la fin des violences et a lancé un mécanisme d'enquête. La junte birmane n'en tient aucun compte et continue même de réduire l'espace des libertés. Des sanctions européennes ont été prises, largement à l'instigation de la France, et renforcées six fois. Aujourd'hui, sont sous sanctions européennes certains des principaux responsables de la junte : 93 individus et 18 entités, en particulier les principaux conglomérats contrôlés par les militaires et qui servent à leur financement. Nous envisageons de nouvelles sanctions ; force est de constater qu'à ce jour le comportement de la junte n'en a pas été modifié.

Aussi, au-delà de nos efforts dans le cadre des Nations Unies et de l'Union européenne et par le biais de l'aide humanitaire que nous apportons à titre national et à titre européen, nous soutenons les États de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN), dont la Birmanie est membre, dans leurs efforts pour essayer de convaincre la junte de modifier son comportement. Nous en avons parlé avec certains d'entre eux au sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique où le président de la République s'est rendu fin novembre après la réunion du G20 en Indonésie. Tout récemment, je me suis entretenue de ce sujet avec mes homologues malaisien et vietnamien, mais aussi avant cela avec la présidence indonésienne de l'ASEAN, qui est déterminée à peser sur la junte birmane. Je suis consciente que ces réponses sont sans doute jugées insuffisantes parce qu'elles ne produisent pas les effets escomptés. Pour ce qui nous concerne, nous avons décidé d'abaisser notre niveau de représentation en Birmanie en ayant simplement sur place un chargé d'affaires ; c'est un signal diplomatique. Je redis, sans pouvoir donner de calendrier, que nous envisageons un nouveau train de sanctions.

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