Intervention de Aline Alix-Donat

Réunion du jeudi 1er juin 2023 à 14h05
Commission d'enquête sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales régies par les articles 73 et 74 de la constitution

Aline Alix-Donat, directrice générale de Canal+ Outre-mer :

À notre sens, le pouvoir d'achat doit se regarder de façon systémique, peut-être pas simplement au regard de la question du prix, mais au regard de la qualité et de la complétude du service et des offres que nous fournissons. La structuration des tarifs des offres de Canal+ Télécom se fait en prenant en compte les impératifs économiques, mais aussi en poursuivant nos ambitions fortes pour ces territoires.

Je citerai en premier lieu celle de la continuité territoriale, cette volonté forte de fournir un service qui soit d'un niveau équivalent à celui de l'Hexagone. Ensuite, c'est l'enjeu d'accessibilité à la qualité et à l'innovation. C'est ce que l'on fait au travers de nos offres fibre, avec des offres « un gigaoctet » et même assez récemment « deux gigaoctets » à La Réunion. Je vous rappelle également que nous avons été le premier opérateur à proposer dans les territoires d'outre-mer la technologie Wifi 6 permettant aux abonnés de mieux profiter de leur abonnement au sein de leur foyer.

L'autre engagement fort est celui du désenclavement des collectivités. Cet objectif, je dirais même cet impératif de résilience numérique, se traduit par les lourds investissements qu'évoquait Jacques à l'instant, ces investissements dans la capacité sous-marine, dans ces câbles qui nous permettent d'écouler le trafic et de connecter les réseaux locaux à l'Internet mondial.

Pour finir, il y a un enjeu fort sur la complétude des raccordements effectifs à la fibre et cette prise en charge des travaux complémentaires pour limiter les échecs de raccordement et offrir le même accès à Internet très haut débit à tous, et ceci quelle que soit la situation de l'abonné.

Enfin, ce que nous souhaitions partager avec vous, c'est que la transformation numérique des territoires constitue un précieux levier de développement pour sortir de ce contexte dégradé par rapport à l'Hexagone. Il nous semble que c'est aussi un moyen puissant d'expression des potentiels et des richesses de ces collectivités. C'est une ambition dans laquelle nous devons tous nous engager, aussi bien les parties prenantes publiques que privées. L'exemple de La Réunion est vraiment éloquent. Dans les prochains mois, La Réunion sera éligible à 100 %, la plaçant comme la seconde région la plus fibrée de France.

Nous aimerions que d'autres territoires soient également fibrés. Il faudrait lever cette problématique des raccordements longs et complexes. À ce titre, il faut vraiment être ambitieux et les collectivités le sont. Je voudrais souligner la mobilisation très forte des collectivités de Guadeloupe et de Martinique. Dans quelques mois, ce sont plus de 100 000 prises qui seront déployées dans les zones en réseau d'initiative publique (RIP) dans chacun de ces deux territoires. Un dialogue fructueux est mené avec les collectivités locales sur la résolution des problématiques des raccordements longs et complexes, et c'est notamment le cas en Guyane.

Nous voudrions soumettre à votre expertise ces deux pistes. La première serait celle du réflexe ultramarin qui nous paraît nécessaire dans la décision nationale pour prendre en compte les spécificités locales. Nous avons pu déplorer à plusieurs reprises, notamment dans des dispositifs d'aide à la transformation numérique pourtant si nécessaires, que cela n'avait pas été le cas. En revanche, il y a vraiment des mouvements dans ce sens, c'est le fameux réflexe ultramarin qui se crée, notamment grâce à l'impulsion de la direction générale du ministère des Outre-mer.

Plus concrètement, nous pensons, en termes de pistes, à la prolongation de dispositifs d'aides publiques dédiés à la spécificité des outre-mer. Je cite notamment le dispositif ultramarin du fonds de soutien pour le numérique, qui permet de contribuer au financement du patrimoine des câbles sous-marins. Il ne s'agit pas du tout ici de sur-subventionner, mais d'accompagner l'investissement des opérateurs locaux alternatifs que nous sommes pour créer un levier au bénéfice des collectivités ultramarines.

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