Intervention de Major Erick Verfaillie

Réunion du mardi 13 juin 2023 à 21h00
Commission d'enquête sur la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences à l'occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023, ainsi que sur le déroulement de ces manifestations et rassemblements

Major Erick Verfaillie :

Je souhaite évoquer le ressenti des troupes en me fondant sur ma propre expérience : j'ai d'abord été gendarme mobile avant de me tourner vers la gendarmerie départementale. L'évolution à laquelle j'ai assisté me fait dire qu'il existe un danger certain compte tenu d'un paradoxe : à chaque crise occasionnant des blessés, des moyens intermédiaires nous ont été supprimés.

Une des forces traditionnelles du maintien de l'ordre à la française reposait sur la gradation de la réponse en fonction de l'adversaire. Si l'on nous enlève des moyens, il est difficile d'élever la force à terme. Désormais, sur la distance cruciale des cinquante mètres, il n'y a plus rien. Au contact, les forces de sécurité s'efforcent toujours d'agir avec sang-froid et il faut leur rendre hommage. Cependant, certains ont cru se voir mourir.

Or, lorsque des forces de sécurité se voient départies de leurs moyens et se trouvent face à des individus armés, il ne reste que la légitime défense. Des voix s'élèvent pour renoncer aux lanceurs de balle de défense. Mais s'il n'y a plus d'armement intermédiaire, le risque de voir les forces de sécurité se faire tuer ne fera que croître. En effet, les groupes que nous affrontons veulent des blessés, voire des morts, afin de médiatiser leurs actions. Par conséquent, il sera nécessaire de retrouver de nouveaux moyens de force intermédiaire, ou de repenser certains modes de fonctionnement. Quoi qu'il en soit, la situation devient urgente, nos adversaires font preuve d'une adaptation permanente. Par exemple, l'effet de surprise dont nous avons bénéficié lorsque nous avons utilisé les quads va rapidement se dissiper.

On peut se demander si la violence a augmenté parce que les moyens ont été enlevés. Il est beaucoup plus difficile pour des manifestants de jeter de l'acide ou des bombes sur une distance de cinquante mètres que lorsque celle-ci est réduite à dix mètres. Il sera donc nécessaire de conduire une réflexion pour rétablir cette distance. Plus les personnes qui vous veulent du mal sont loin, moins il est nécessaire d'utiliser la force et moins les manifestants sont blessés. Cette vision me semble assez partagée par mes collègues.

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