Intervention de Colonel Sébastien Delporte

Réunion du mercredi 5 juillet 2023 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Colonel Sébastien Delporte, chef du bureau des relations extérieures de l'EMAAE :

Le dimensionnement de notre MDD en Inde doit tenir compte du mode de fonctionnement et de l'organisation du partenaire en termes de coopération bilatérale, et de nos contraintes en matière de ressources humaines. Une équipe de douze Français ne ferait pas nécessairement aller plus vite la partie indienne. Envoyer des renforts ponctuels si nécessaire nous semble préférable dans le contexte actuel.

Plusieurs armées de l'air européennes, notamment celles de l'Italie et de l'Allemagne, manifestent un regain d'intérêt pour l'Indo-Pacifique. Nous travaillons à notre prochain déploiement en Asie du Sud-Est en 2024, dans le cadre de la mission Pégase, que nous pourrions effectuer avec des Allemands, des Espagnols, des Britanniques et peut-être des Italiens. Ces armées de l'air européennes qui s'intéressent à l'Indo-Pacifique cherchent à s'y rendre, en s'appuyant sur le savoir-faire de l'armée de l'air française à mesure qu'elles prennent conscience des difficultés. J'ai reçu hier l'attaché de défense danois, qui souhaite observer comment nous préparons ce type de déploiement.

S'agissant de l'extension du partenariat avec l'Inde à d'autres zones, nous visons, en matière aérienne et spatiale, un format trilatéral avec les Émirats arabes unis (EAU), pour optimiser le déploiement des forces françaises aux EAU et éviter de partir à chaque fois de métropole pour travailler avec l'Inde. Nous l'avons déjà fait. Nous essayons de relancer et de redynamiser cette initiative.

À l'est de l'Inde, le format que nous essayons de faire évoluer vers le trilatéral est un exercice commun de l'Inde et de Singapour, auquel nous participerons à la fin de cette année. Par ailleurs, l'Inde prévoit de se déployer en Australie en 2024, comme elle l'a fait en 2022, pour participer à l'exercice Pitch Black en 2024. Cet exercice d'envergure, qui sera un des objectifs majeurs de notre déploiement en 2024, réunit de nombreux pays européens. En 2022, nous avons fourni aux Indiens du ravitaillement en vol pour leur permettre de rallier l'Australie.

S'agissant du Rafale, l'armée de l'air et de l'espace est confrontée, comme avec de nombreux autres partenaires, à la difficulté de fixer un cadre adapté au partage de savoir-faire opérationnel avec les pays vers lesquels nous exportons. C'est pourquoi nous mettons en œuvre des groupes bilatéraux d'utilisateurs adaptés aux besoins de chacun, chaque pays ayant acquis des Rafale a des modèles distincts – standards F3, F3-R et bientôt F4. Nous privilégions ainsi les échanges bilatéraux avec les EAU, l'Égypte, le Qatar, la Grèce, la Croatie et l'Inde.

Nous aurons un autre point de vigilance avec nos camarades de la Marine Nationale s'ils sont amenés à assurer des formations sur Rafale Marine en cas de contrat pour l'Indian Navy. Nous veillons aussi collectivement à ne pas être engagés dans la formation et la diffusion de savoir-faire au-delà de ce qui a déjà été fait, car nos moyens RH ne sont pas dimensionnés pour faire plus ce que qui a été effectué jusqu'ici. Nous sommes alignés sur ce point : le cas échéant, l' Indian Air Force, forte de son expérience, aura la charge de former le personnel de l' Indian Navy. Il s'agit avant tout de réduire la charge liée au soutien aux exportations (SOUTEX).

S'agissant de l'attitude de l'Inde en cas de crise, nous devons, en bons militaires, rester en mesure de faire ce que nous savons faire, notamment de projeter de la puissance. Nous multiplions donc, en les ciblant, d'autres points d'appui régionaux. Nous travaillons notamment avec Singapour et l'Indonésie, et essayons d'ouvrir le dialogue avec la Malaisie, qui dispose aussi d'A400M, ce qui faciliterait les déploiements.

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