Intervention de Christophe Castaner

Réunion du lundi 10 juillet 2023 à 17h00
Commission d'enquête sur la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences à l'occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023, ainsi que sur le déroulement de ces manifestations et rassemblements

Christophe Castaner, ancien ministre de l'intérieur :

J'ai évoqué le contexte historique de ces phénomènes. Nous pourrions revenir sur l'histoire du rejet de la police par l'ultragauche. Ne vous en déplaise, l'acronyme Acab, pour All Cops are Bastards, n'est pas né en juin 2020.

Vous parliez de policiers ayant jeté leurs menottes à terre. Il est vrai que 1 500 fonctionnaires, soit 1 % des effectifs, ont exprimé ainsi leur condamnation à l'égard des propos que j'ai tenus le 8 juin 2020 lors d'une conférence de presse. Celle-ci avait trois objets. Le premier était une réforme de l'inspection générale de la police nationale, dont je pense qu'elle ne doit pas être figée et fermée sur elle-même. D'ailleurs, elle a en partie évolué. Le deuxième consistait à prôner dans la police la tolérance zéro contre le racisme. Cette expression m'a été reprochée. Mais je n'ai jamais dit que la police en elle-même était raciste. Il peut y avoir du racisme dans la police. Or, quand on porte l'uniforme, aucun acte de cette nature ne saurait être toléré. Le troisième sujet concernait certaines techniques d'interpellation, notamment la clé d'étranglement, que je souhaitais interdire. Aux États-Unis le président Donald Trump a fait de même, et je n'ai pas l'impression qu'il soit totalement laxiste. L'administration pénitentiaire y avait renoncé depuis une vingtaine d'années, alors qu'en cas de conflit avec des prisonniers, seuls des moyens physiques permettent d'intervenir. La gendarmerie, quant à elle, avait interdit cette technique depuis 2010, me semble-t-il.

Je ne crois pas que la « grande démission », expression venue des États-Unis et inventée à la suite du covid-19, soit liée de quelque manière que ce soit aux propos que j'ai tenus en juin 2020. Aucun policier ou gendarme ne tolère le racisme. Aucun ne souhaite utiliser des techniques susceptibles d'entraîner sa mise en cause si une personne vient à mourir lors d'une l'interpellation. C'est arrivé sous mon autorité : Cédric Chouviat est décédé, peut-être parce que la technique en question avait été mal utilisée. Cet homme est la première victime, bien entendu, mais les policiers sont eux-mêmes victimes d'un système qui les a amenés à utiliser une méthode dangereuse.

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