Intervention de Aurélien Taché

Réunion du mercredi 4 octobre 2023 à 15h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurélien Taché :

Le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani a récemment déclaré dans une interview que l'Afrique attend trop de la France. Ce sentiment n'est pas exempt de certaines questions relatives à notre relation avec le continent, où elles trouvent un large écho.

Le 19 août dernier, Le Monde nous apprenait que lorsque les forces de sécurité loyales au président Bazoum ont tenté de mettre fin au coup d'État, la France était prête à intervenir militairement. C'est Mohamed Bazoum lui-même qui s'y serait opposé. Le président de la République a affirmé le contraire il y a une dizaine de jours au journal de 20 heures. Mais heureusement que nous n'avons pas déclenché un nouveau conflit au Sahel, qui n'aurait profité qu'aux groupes terroristes et aggravé la pauvreté extrême dans cette région. N'avons-nous rien retenu de notre action catastrophique en Libye ?

Ce que l'on appelle de façon impropre le « sentiment antifrançais » n'est pas seulement alimenté par des forces ennemies telles que les milices Wagner ou l'État russe, qui jouent un rôle très néfaste. Il existe aussi un rejet de notre politique africaine. Ce n'est pas être défaitiste que de le dire. Nous refusons tout simplement le déni.

Vous avez décidé de geler la délivrance de visas au Mali et au Burkina Faso après que les régimes de Bamako et de Ouagadougou ont reconnu le putsch de Niamey. Pourquoi punir les peuples en raison de désaccords politiques avec leurs dirigeants ? Nous faisons ainsi le jeu des putschistes et des forces étrangères qui les soutiennent.

J'en viens à l'aide au développement. Vous avez dit que les projets humanitaires pourraient continuer mais qu'en est-il des projets d'Expertise France ?

Enfin, où iront nos militaires stationnés au Niger ? La Mauritanie vient de dire qu'elle ne les accueillerait pas. Iront-ils au Tchad, où nous continuons de soutenir la junte d'Idriss Déby ? Au Gabon, où vous avez validé une révolution de palais favorable à notre pays ? La présence de la plupart de nos troupes ne me semblant plus souhaitée en Afrique, nos bases devraient être fermées.

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