Intervention de Michel Castellani

Séance en hémicycle du mercredi 18 octobre 2023 à 15h00
Débat sur la dette

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Castellani :

En 2024, nous rembourserons 160 milliards d'euros de capital emprunté, tandis que l'État émettra 285 milliards de dette. L'endettement s'accumule année après année. La charge des intérêts atteindra ainsi 52 milliards d'euros fin 2024, soit le montant du budget des armées, sachant que la hausse s'annonce importante dans les années à venir. En effet, la loi de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027 prévoit plus de 300 milliards d'euros de remboursement d'intérêts d'ici à 2027.

Ces chiffres soulignent clairement la difficulté des choses, le contexte conjoncturel contribuant à cette complexité. Déficit commercial abyssal, augmentation des taux, inflation soutenue, faiblesse du rythme de croissance, coût de l'énergie : au-delà des chiffres, c'est au fond l'autonomie même de la France qui est en jeu.

À cet égard, la dette n'est pas qu'un simple chiffre dans le PLF : c'est un boulet de 83 000 euros qui pèse sur chaque foyer et qui s'alourdira de 9 500 euros pour la seule année 2024, soit plus de la moitié d'un Smic annuel net.

Nous faisons face à quatre problèmes.

Premièrement, notre endettement finance peu d'investissements. Seuls 7 % du total y sont consacrés, ce qui indique que nous ne préparons manifestement pas l'avenir.

Deuxièmement, les taux d'intérêt remontent, si bien que nous risquons de subir un effet boule de neige. Pour rappel, une hausse des taux de 1 point augmente la charge de la dette de 2,5 milliards d'euros l'année suivante et de 160 milliards sur une décennie. Le risque est donc, demain, de ne plus pouvoir ni investir ni gérer les déficits, car les marges de manœuvre seront épuisées.

Autre remarque en passant : ce niveau d'endettement, qui devrait rester supérieur à 108 % du PIB en 2027, nous éloigne des autres pays européens.

Enfin, quatrième élément, la moitié de notre dette est détenue par des acteurs financiers étrangers. Or nous ne faisons rien pour que les Français s'approprient leur dette, comme c'est le cas au Japon ou en Italie. J'avais fait des propositions en ce sens lors d'un PLF antérieur, sans recevoir d'autre suite que des réponses polies : cette piste demeure néanmoins plus que jamais d'actualité.

Par ailleurs, vous permettrez au député insulaire que je suis d'évoquer deux sujets.

Le premier est celui de la taxe relative aux infrastructures de transport, prévue à l'article 15 du PLF. Pour ce qui est des autoroutes, en Corse, nous sommes à l'abri ! Mais vous comprendrez par contre qu'il serait particulièrement malvenu que cette taxation s'applique sur notre île aux aérodromes, qui constituent des instruments indispensables de continuité territoriale.

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