Intervention de Amiral Nicolas Vaujour

Réunion du jeudi 5 octobre 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Nicolas Vaujour :

Nous nous inscrivons dans une dynamique de consolidation de notre préparation opérationnelle, qui implique à la fois une disponibilité technique, mais aussi des exercices et des tests de nos systèmes. S'agissant de la disponibilité, la marine a mis en place des contrats verticalisés sur l'ensemble des bateaux, en sachant que 75 % des contrats de maintenance sont soumis à concurrence, ce qui nous permet à la fois d'intégrer de nouveaux entrants sur le marché, mais aussi de diminuer les coûts. La verticalisation se met d'ailleurs en place pour les contrats aéronautiques. Elle permet en outre d'offrir aux industriels une meilleure visibilité, grâce à des contrats pluriannuels qui sont soutenus, PLF après PLF.

Vous avez ensuite évoqué les coopérations. Celles-ci s'effectuent en fonction de nos intérêts et des zones spécifiques. En Méditerranée, nous avons vocation à échanger avec les Italiens, les Espagnols et les Grecs. Dans le même ordre d'idée, lorsque je regarde l'Atlantique, je parle avec mon homologue britannique. Nous échangeons ainsi des informations, de manière à conforter différentes postures et à œuvrer de manière complémentaire.

À ce titre, je poursuis l'initiative de l'amiral Vandier qui a instauré des exercices conjoints de préparation opérationnelle du haut du spectre avec la marine italienne. Sur le PLF 2024, nous allons ainsi réaliser en avril prochain l'exercice Polaris, de manière commune, la version italienne de l'exercice s'appelant Mare aperto. À cette occasion, nous pourrons travailler avec deux groupes, l'un avec le porte-avions italien Cavour et l'autre avec le Charles-de-Gaulle.

Nous sommes extrêmement satisfaits de travailler avec ces nations, avec lesquelles nous partageons un certain nombre d'enjeux. D'un point de vue stratégique, nous devons être capables de nous déployer ensemble et de transmettre le même message, en Européens.

Vous m'avez également interrogé sur la guerre des mines. J'ai déjà indiqué précédemment que cette guerre des mines correspondait désormais à la dronisation d'une fonction complète. Une expérimentation est actuellement menée à Brest, où un drone de surface qui tracte un sonar remorqué est téléopéré en temps réel par une équipe à terre, à l'aide de l'intelligence artificielle. Il s'agit de gagner du temps, dans le cadre d'une véritable rupture technologique, qu'il a fallu faire mûrir. Les enjeux étaient multiples : ils portaient sur l'autonomie des drones de surface et des drones sous-marins, mais aussi sur le système d'intelligence artificielle et la base de données. Le premier module de lutte contre les mines sera livré à Brest en mars 2024. Sur place, le bâtiment qui abritera le centre de commandement à terre du système de drone est en cours de construction.

Comme vous l'avez relevé, notre approche est différente de celle retenue par les Néerlandais et les Belges. Les systèmes de drone ne sont pas figés pour plusieurs d'années, ils évoluent régulièrement. Aujourd'hui, dans le système de guerre des mines, il existe quatre grandes fonctions : la détection, la classification, l'identification et la neutralisation. Les Français, les Belges et les Néerlandais ont opéré le même choix pour la détection et la classification : il s'agit d'un sonar tracté. En revanche, le système est différent pour l'identification et la neutralisation. L'émulation est saine entre nos différents industriels, dans ce domaine.

En outre, nous réfléchissons à la meilleure manière de mettre à l'eau le drone à partir du futur bâtiment de guerre des mines. Le design du drone sera commun et nos partenaires en disposeront avant nous, ce qui me permettra de bénéficier des leçons qu'ils tireront de leurs premières expériences, car nous avons pris la décision de partager l'information extraite du retour d'expérience. Cette rupture technologique est porteuse de risques, mais en travaillant ensemble, nous les mutualisons et les limitons.

Je vous remercie pour les crédits votés en direction des premières marches de la LPM. Ils nous permettent également de mettre en place deux programmes importants : ÉVOL SNA et ÉVOL Frégate.

Nous avons commencé ce travail avec la classe Suffren, sur laquelle nous mettons en place des évolutions, afin de conserver le meilleur niveau technologique pour nos équipements. Je veux développer l'injection d'innovation à bord des bateaux, le plus rapidement possible. À titre d'exemple, nous allons placer un data hub à bord de la Provence, pour bénéficier de la gestion de données massive et de l'intelligence artificielle sur ce bateau. Pour y parvenir, nous procédons par tests, en lien avec différentes PME.

Vous avez enfin évoqué la RMV des frégates de type La Fayette (FLF), dont j'ai été l'initiateur, lorsque je travaillais à l'état-major des armées. Celle-ci a été mise en place dans un cadre de très fortes contraintes budgétaires, à l'époque. Pour rénover le système de combat, nous avons ainsi choisi de nous inspirer de celui qui venait d'être développé pour le porte-avions. Dans la même logique, le sonar retenu a été celui de la FDI.

Aujourd'hui, je suis très satisfait de disposer des capacités que nous avons pu installer sur les FLF. Je rappelle que ces bateaux ne possédaient pas initialement de capacités anti sous-marines. Ces frégates disposent aujourd'hui d'un sonar, même si elles ne sont pas dotées de torpilles. Cependant, je dois souligner l'aide précieuse fournie par la DGA pour la RMV des FLF. Finalement, nous avons pu produire une action cohérente, qui a permis de prolonger la durée de vie de nos frégates, qui nous sont essentielles. Encore une fois, je suis satisfait de ce que nous avons accompli dans ce domaine.

En revanche, pour les FDI et les Fremm, nous nous attachons à réaliser une évolution continue, au fil du temps, pour intégrer les évolutions technologiques. Vous m'avez donné les vecteurs nécessaires, et il me revient désormais de les utiliser à bon escient.

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