Intervention de Matthieu Marchio

Réunion du mardi 12 décembre 2023 à 18h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMatthieu Marchio :

Il est compliqué d'aborder un continent aussi vaste que l'Afrique avec des considérations d'ordre général. Les chercheurs parlent d'ailleurs d'Afriques plutôt qu'une seule et même Afrique, en matière de réchauffement climatique. Néanmoins, un constat s'impose pour l'ensemble du continent africain : ce continent est celui qui souffre le plus de la mondialisation et du changement climatique qui l'accompagne, alors qu'il émet le moins de CO2. Les contraintes climatiques pèsent de fait lourdement sur les sociétés africaines, avec la désertification, la déforestation, les cyclones ou encore l'élévation du niveau de la mer. Madagascar représente d'ailleurs un concentré édifiant de ces phénomènes.

Les conséquences sont lourdes. Le changement climatique renforce l'insécurité alimentaire et nutritionnelle, déjà élevée avec la crise du Covid et la guerre en Ukraine, qui a entraîné une diminution des importations alimentaires et une inflation du coût des engrais. Ces phénomènes ont pour corollaire de forts enjeux sécuritaires au sein des pays d'Afrique. Le pastoralisme, qui représente 20 % de l'économie africaine, est menacé par le réchauffement. La communauté peule de la bande sahélienne s'arme pour faire face aux vols de bétail, avec comme conséquence une hausse des violences. Si l'on songe que le pastoralisme concerne 250 millions de personnes, nous mesurons pleinement les défis de stabilité et de sécurité des sociétés africaines.

Le réchauffement climatique et ses conséquences incitent également une part croissante de la population africaine à l'immigration, qui implique de nombreux défis. Pourtant, l'Afrique représente une partie de la solution pour limiter les effets du réchauffement climatique. Le bassin du Congo, deuxième poumon de la Terre après l'Amazonie, absorbe à lui seul l'essentiel des émissions de CO2 émises par les véhicules de la planète et le continent reste également un réservoir exceptionnel de biodiversité.

Dans ce contexte, des États sont-ils susceptibles d'entrer en conflit en raison des conséquences du réchauffement ? Des guerres civiles sont-elles à craindre pour ces mêmes raisons ? Ensuite, alors que l'Amazonie subit une lourde déforestation, le bassin du Congo, ce poumon africain si précieux pour la planète, est-il lui aussi menacé ?

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