Intervention de Yannick Chenevard

Réunion du mercredi 22 novembre 2023 à 12h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Chenevard :

La Chine est engagée depuis plusieurs années dans un travail progressif de consolidation de sa présence en Afrique. Elle a investi massivement et est le premier créancier mondial de ces pays pauvres. Ce qui peut être lu comme un avantage pour certains pays africains réside dans le fait que la Chine offre une aide sans conditionnalité de gouvernance. Celle-ci devient ainsi la principale détentrice de la dette extérieure africaine à hauteur d'un tiers, soit 365 milliards de dollars. En termes de puissance douce, la quasi-totalité des pays du continent a rejoint l'initiative chinoise des nouvelles routes de la soie. En outre, 61 instituts Confucius ont été inaugurés dans 46 pays. Néanmoins, des inquiétudes commencent à se faire jour autour du piège de la dette.

Quant à la Russie, elle a de nouveau étendu son influence en Afrique, après avoir été très présente au moment des indépendances : intervention militaire en Libye ; renforcement de ses liens avec l'Algérie et l'Égypte ; soutien au gouvernement du Mali et du Soudan ; tentative d'action au Mozambique et un peu plus largement à Madagascar. Le sommet Russie-Afrique de Sotchi a incarné cette montée en puissance, la Russie se présentant sous deux aspects, celui d'un partenaire économique et d'un prestataire de sécurité, ainsi que celui d'un défenseur des souverainetés et d'un rempart contre « les ingérences des anciennes puissances coloniales ». Se cache derrière ces aspects une recherche d'importants contrats dans le domaine du gaz, de la sécurité ou du paiement.

Malgré la mort d'Evgueni Prigojine, Moscou semble avoir l'intention de garder la main sur le marché de la sécurité privée, avec l'officialisation fin septembre du nouveau recruteur du groupe Wagner, Andreï Trochev, qui est secondé en sous-main par Dimitri Syty, un homme de 34 ans qui a pour mission de faire en sorte que les clients ne fuient pas, fort de son profil de jeune cadre commercial ayant d'ailleurs étudié dans plusieurs de nos universités européennes. Compte tenu du temps imparti, je ne parlerai pas de la Turquie.

Mes questions sont les suivantes. Au-delà des exercices que mènent nos armées, comment le Quai d'Orsay perçoit-il la constitution de médias d'influence sur Internet pour contrer les narratifs anti-français (aspect défensif) mais également pour montrer et dépeindre la réalité des actions russes, turques ou chinoises (aspect offensif) ? Par ailleurs, comment renforcer les synergies et la coordination entre les effectifs militaires présents en Afrique et les acteurs de la diplomatie pour défendre les intérêts français, en particulier dans la lutte informationnelle, conformément à l'ambition de la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 ?

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