Intervention de Anne Le Hénanff

Réunion du mercredi 17 janvier 2024 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne Le Hénanff, rapporteure :

Le cinquième défi porte sur l'innovation et la prospective. Deux domaines en particulier ont retenu notre attention : les technologies quantiques et l'intelligence artificielle.

S'agissant de l'émergence des technologies quantiques, c'est la DGA qui pilote la feuille de route du ministère des Armées :

1/ en finançant des projets de recherche et technologie (R&T) ;

2/ en évaluant la menace que ces technologies, prévisibles ou probables, feront porter sur les systèmes à l'avenir ;

3/ et en développant ses compétences techniques et scientifiques.

Si l'identification des enjeux et la feuille de route semblent claires, nous nous sommes cependant heurtés à la question spécifique de l'ordinateur quantique. Personne n'a été en mesure de nous indiquer si l'avènement de cette nouvelle technologie était imminent, ni si les budgets pour son développement étaient nécessaires !

C'est pourquoi nous estimons indispensable de procéder à une évaluation des coûts, moyens et délais nécessaires à cette nouvelle technologie, ainsi qu'à une estimation de la capacité de la France à s'en doter en propre ou si nous avons besoin d'un partenariat européen pour y parvenir.

Par ailleurs, nous avons été alertés lors de nos travaux sur l'influence croissante de l'intelligence artificielle, et singulièrement de l'intelligence artificielle générative, dans le domaine de la cyberdéfense. Les avancées récentes significatives sont à la fois une opportunité et une menace dans le domaine cyber. Elles peuvent constituer une opportunité notamment pour la LID, par exemple pour l'analyse et la caractérisation de malwares ou la détection de scénarios d'attaque ou la L2I pour aider à détecter des manœuvres informationnelles (par exemple pour l'aide à la formulation de contre-arguments face à une campagne de désinformation).

Un enjeu important, en cas d'utilisation d'IA générative pour la sécurité, est de s'assurer que les données utilisées pour l'apprentissage n'ont pas été empoisonnées, s'assurer de la robustesse et de la qualité des défenses de l'IA. Mais elle peut également constituer une menace dans le sens où elle apporte une capacité décuplée à l'attaquant, notamment dans les domaines de la LIO et de la L2I. Elle peut par exemple aider un attaquant à générer des courriels pour du phishing, usurper une identité ou encore simplifier la création d'une cyberattaque, pourtant complexe, (donnant ainsi la capacité à des personnes moins expérimentées d'en créer), d'automatiser des cyberattaques, de générer des fausses informations ou encore de faciliter des attaques informationnelles massives. Or, tous ces apports et toutes ces menaces sont encore exploratoires, quoique plus tangibles que les technologies quantiques. L'élaboration d'une feuille de route relative aux influences mutuelles entre l'intelligence artificielle générative et la cyberdéfense nous paraît indispensable.

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