Intervention de Julia Cagé

Réunion du jeudi 18 janvier 2024 à 10h30
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Julia Cagé, professeure associée en économie au sein du département d'économie de l'Institut d'études politiques de Paris :

Il ne s'agit pas de contrôler Mme Michu, mais des personnalités qui tiennent régulièrement des propos ouvertement politiques, comme Éric Zemmour avant septembre 2021. Dans le cadre de notre travail de recherche, Moritz Hengel, Nicolas Hervé, Camille Urvoy et moi avons établi trois critères précis, qui peuvent être améliorés. Avoir signé une tribune de soutien à un candidat au premier tour de l'élection présidentielle dénote un engagement politique, peut-être pas pour les dix ans à venir mais tout de même pour une certaine période. Il en va de même des contributions à des think tanks politiquement marqués, comme l'Institut Montaigne à droite et Terra Nova ou la Fondation Jean-Jaurès à gauche – le spectre des think tanks français est assez bien caractérisé. Troisième critère, la participation aux universités d'été des partis politiques. Mais il n'est pas interdit d'innover : il n'aurait peut-être pas été possible de discuter sereinement il y a un an de la prise en compte du financement des personnalités par des partis politiques que vous avez évoquée, ce qui montre que nous avons progressé. Nous devons aller plus loin.

Il ne faut pas caricaturer la volonté de classer. Lorsque « Touche pas à mon poste ! » fait, à dessein, intervenir Mme Michu, il n'est pas possible de la classer politiquement. En revanche, si elle est rémunérée par la chaîne, elle a été choisie pour tenir certains propos et il faut en tenir compte. En la matière, il est évident que nous pouvons faire mieux. Cela demande une réflexion avec le concours des éditeurs, de l'Arcom et des personnalités susceptibles d'être classifiées politiquement. Celles-ci doivent disposer d'un droit de réponse : l'idée n'est pas de confier au régulateur, considéré comme omniscient, le pouvoir d'estampiller les intervenants « proche de tel parti » pour un certain nombre d'années.

S'agissant des sanctions, on peut discuter du montant, voire le hausser jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires, mais cela revient encore une fois à considérer que les motivations des éditeurs sont purement économiques. D'après moi, il faut sortir de cette logique : seuls la suspension, temporaire ou permanente, et le non-renouvellement de l'autorisation sont capables d'agir sur tout le spectre des motivations, qui sont parfois directement politiques.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion