Intervention de Serge Boulanger

Réunion du jeudi 25 janvier 2024 à 9h00
Mission d'information de la conférence des présidents sur les capacités d'anticipation et d'adaptation de notre modèle de protection et de sécurité civiles

Serge Boulanger, préfet, secrétaire général de la zone de défense et de sécurité de Paris :

Malheureusement, nos prédécesseurs de 1924 ne nous ont pas laissé de retex ! Plus sérieusement, parce que le monde a beaucoup changé, nous avons évalué les dispositifs des précédents pays organisateurs d'olympiades pour nous en inspirer et pour bien appréhender les aspects volumétriques. Nous sommes partis d'une copie blanche : tout était à construire.

Nous disposions quand même d'un constat : notre pays a éprouvé sa réactivité et sa capacité à affronter les crises de toute nature – sanitaire, sociétale, météorologique, par exemple – grâce à une organisation reposant sur les préfets de département, les préfets de zone et les instances nationales. En outre, nous bénéficions d'une solide expérience d'accueil de grands événements, même si l'échelle des JOP est singulière : vous avez évoqué la Coupe du monde de rugby ; les Jeux, c'est environ quarante-cinq Coupes du monde simultanées. Toutefois, quoi qu'en disent les campagnes de désinformation, notre pays a su, l'été dernier, organiser la Coupe du monde de rugby, répartie en plusieurs points du territoire, recevoir le roi Charles III, et accueillir le pape en même temps – trois événements certes différents, mais tous très sensibles.

Nous nous entraînons intensément. Depuis deux ans, nous avons organisé de très nombreux exercices en Île-de-France, et beaucoup sont encore prévus, afin de tester tous les dispositifs et de prévoir les incidents de toute nature. Tout ne relève pas du terrorisme ; un simple camion couché sur l'A4, voie olympique, nécessitera une intervention pour garantir la fluidité du transport.

Pour assurer la sécurité civile dans le cadre des JOP, nous avons élaboré un dispositif à trois niveaux, dont M. le général donnera le détail. En Île-de-France, le premier volet du plan de secours et de santé est conçu sur le modèle des risques courants aggravés, c'est-à-dire en considérant la vie normale de la région, avec une population supérieure. Il fait intervenir les services de secours existants – la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) et les services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) ; le Samu et le secteur hospitalier ; les secouristes.

Le deuxième volet concerne tous les risques connus spécifiques aux Jeux, susceptibles d'intervenir dans les sites de compétition ou à leurs abords.

Enfin, on ne peut exclure les risques exceptionnels, qui exigeraient de mobiliser des moyens considérables. Il peut s'agir d'un acte terroriste majeur, comme malheureusement la France en a déjà connu, d'une canicule, d'un orage violent, d'une épidémie.

L'importance de l'événement oblige à concevoir des réponses organisées par secteur, et non par site, car cela entraînerait une consommation excessive de moyens, au détriment d'autres interventions éventuelles.

Notre organisation est éprouvée, mais elle a été renforcée pour les Jeux olympiques. Les dispositions législatives déjà évoquées seront prochainement complétées par des dispositions réglementaires, suivant le principe un territoire – l'Île-de-France –, un chef, un décideur. Pour la période des JOP, le Parlement a donc confié au préfet de police des compétences supplémentaires, relatives notamment à la circulation ; s'y ajouteront des transferts en matière de police administrative. Ces compétences concernent en particulier le domaine aérien : l'Île-de-France possède plusieurs aérodromes, et il importe que les autorités militaires et celles chargées de l'aviation civile disposent toutes d'un même interlocuteur. Ainsi, les autorisations et interdictions seront cohérentes et partout identiques.

Évidemment, nous avons les Jeux olympiques, mais pas seulement. Les trois aéroports, Roissy, Orly et Le Bourget, accueilleront les dignitaires, les délégations sportives et tous les touristes. Thierry Mosimann a évoqué l'expérience du spectateur : nous travaillons de l'accueil à l'aéroport jusqu'aux hôtels, jusqu'aux gares d'où certaines équipes partiront pour se rendre sur les différents sites du pays. Nous avons élaboré un plan Zéro délinquance pour les sites touristiques, ainsi qu'un plan Tourisme.

Le Président de la République a insisté récemment sur le fait qu'un mouvement populaire devait accompagner ce magnifique événement que nous avons la chance d'accueillir sur le territoire français. À ce mouvement populaire s'ajoute l'élan collectif de tous les acteurs qui participent, de près ou de loin, à l'organisation des Jeux olympiques.

Comme l'a indiqué Édouard Donnelly, cet événement nous donne l'occasion de travailler au quotidien avec le Cojop Paris 2024, matin, après-midi et soir parfois très tard, y compris le week-end. Il est normal que nous ayons une telle intensité d'échanges avec l'organisateur et l'État, mais nous travaillons aussi avec nombre d'acteurs privés, publics et associatifs. Nous échangeons tous les jours avec des chefs d'entreprise, par exemple, car nous devons faire en sorte que l'activité économique continue pendant les JOP, compte tenu de leur durée. Pour le citoyen et l'entreprise, la vie doit continuer, certes en supportant quelques contraintes.

L'élan collectif nous permet de surmonter les quelques difficultés historiques de relations entre services qui peuvent subsister. Pour les Jeux olympiques, tout cela est gommé, effacé. Je suis convaincu que ce bénéfice nous restera en héritage.

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