Intervention de Guillaume Blavette

Réunion du jeudi 25 janvier 2024 à 9h00
Mission d'information de la conférence des présidents sur les capacités d'anticipation et d'adaptation de notre modèle de protection et de sécurité civiles

Guillaume Blavette, membre du réseau énergie de France nature environnement :

L'État, les régions, les départements ont fait de gros efforts depuis au moins une décennie en matière d'éducation à l'environnement et au développement durable : ainsi, il y a maintenant des éco-délégués dans les établissements scolaires. Je suis professeur et je peux témoigner que beaucoup de choses ont été faites, en partenariat avec des associations comme FNE, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) ou des associations locales. Le niveau de connaissances des élèves comme des collègues a beaucoup progressé.

Mais il y a un parent pauvre : l'éducation au risque. On peut en prendre la mesure avec un exemple : chaque établissement scolaire dispose d'un plan particulier de mise en sûreté (PPMS), mais c'est un peu n'importe quoi. Je le dis depuis mon point de vue associatif : les gens, jusqu'aux personnels de direction, ne voient pas pourquoi on fait cela, ne comprennent pas les mesures envisagées. On évoque souvent l'exemple japonais ; à l'inverse, il nous manque une vraie démarche publique qui rassemble notamment les SDIS, les associations, les SIRACEDPC (services interministériels régionaux des affaires civiles et économiques de défense et de la protection civile) et les DREAL (directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement), pour élever le niveau de compréhension des événements et ensuite amener les gens à développer de bonnes pratiques.

Je vous renvoie encore vers les différents rapports sur l'incendie de Lubrizol : je peux en témoigner, c'était la panique, les gens ne savaient pas ce qu'ils devaient faire. Il y a eu des mises en danger et, pire encore, de grandes différences dans les actions de l'État et des élus. Certains, plus au fait des sujets environnementaux et industriels, ont pris immédiatement les bonnes mesures – quelle que soit leur sensibilité politique : je remercie la maire de Mont-Saint-Aignan d'avoir immédiatement fermé les écoles ; elle n'est pas du tout écologiste, mais elle a le sens de l'État et savait devoir protéger ses concitoyens. Dans la commune d'à côté, les enfants faisaient la queue devant leurs écoles sous le nuage polluant.

Beaucoup d'idées ont été proposées, par exemple par des organismes comme l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), par des associations, par exemple à Grenoble. Il existe bien des experts du risque technologique, mais malheureusement cette culture ne se répand pas. Quand les préfets élaborent les plans de prévention des risques technologiques (PPRT), on dirait qu'ils craignent que la diffusion des préconisations des experts et des associations n'inquiète la population. C'est le contraire ! La population est intelligente, elle a le souci de ses enfants et le droit de savoir. Notre pays a une marge de progression importante dans ce domaine.

En ce qui concerne plus spécifiquement le nucléaire, je veux citer le comité directeur pour la gestion post-accidentelle d'un accident nucléaire (Codirpa), qui se réunit depuis 2005 sous la présidence de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) – c'est une garantie de sérieux. Je regrette que ses préconisations ne soient pas suffisamment prises en considération.

La culture du risque, qu'il s'agisse des risques industriels ou naturels, n'est donc pas assez diffusée. Je l'ai vu dans mon territoire, il y a des élus qui ne savent pas quoi faire lorsqu'il y a des pluies diluviennes. Bien sûr, certains – comme Christophe Bouillon à Barentin – savent accompagner la population. Mais les inégalités demeurent trop grandes : les retours d'expérience ne sont pas faits, les bonnes pratiques pas assez valorisées.

Vous pouvez compter sur FNE pour élever le niveau de connaissance et de compréhension des risques par la population en général comme par les services de l'État.

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