Intervention de Sébastien Delogu

Réunion du mercredi 14 février 2024 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Delogu :

Le 19 septembre dernier, après avoir affamé les populations du Haut-Karabakh en bloquant l'unique route vers l'Arménie, Bakou a déclenché une nouvelle attaque. Inscrite dans le cadre d'un processus de nettoyage ethnique, elle a provoqué le déplacement forcé de 110 000 Arméniens et Arméniennes, dont j'ai été témoin à Goris à la fin du mois de septembre. Depuis lors, les menaces sur l'intégrité territoriale de l'Arménie se sont intensifiées. L'Azerbaïdjan revendique toujours un corridor dans le Sud du pays. Face à cette agression et face aux menaces militaires qui pèsent sur l'Arménie, je réaffirme mon soutien plein et entier, ainsi que celui de mon groupe parlementaire, au peuple arménien et à la population du Haut-Karabakh.

Cette proposition de résolution procède d'idées que nous partageons pour la plupart. Elle condamne clairement l'attaque du 19 septembre. Elle dénonce le nettoyage ethnique odieusement mené par Bakou. Elle considère la menace qui pèse sur l'Arménie comme réelle et sérieuse. Elle appelle à en sanctionner les responsables. Nous accueillons favorablement ces mesures. L'UE peut et doit faire plus pour protéger les populations arméniennes et leur territoire historique de la menace azerbaïdjanaise.

Toutefois, si ces propositions vont dans le bon sens, d'autres soulèvent des questions. S'agissant du soutien au développement économique, l'UE est un marché vorace. Nous pouvons craindre que le « soutien au développement économique » soit avant tout un développement du marché européen qui, sans cesse, cherche à étendre son empire dans un pays qui a tant besoin de notre soutien.

S'agissant de la prise en considération des accords conclus avec l'Azerbaïdjan en matière énergétique, nous proposerons par amendement de les dénoncer pour que l'Europe ne finance pas la guerre de Bakou.

Par ailleurs, le soutien français à l'Arménie souffre de nombreuses contradictions. Madame la rapporteure, je vous ai interrogée, en commission des affaires européennes, sur l'entrée au Gouvernement de Rachida Dati, véritable relais d'influence de Bakou. Votre réponse ce jour-là, comme les siennes jusqu'à présent, n'a donné aucun gage aux Arméniens et aux Arméniennes, ni levé aucune crainte. De surcroît, comment expliquer aux Arméniens le soutien de la France au gouvernement israélien, qui est pourtant l'un des principaux partenaires militaires de l'Azerbaïdjan, alors même que la communauté arménienne à Jérusalem est confrontée à des attaques ignobles ? Il faut lever ces contradictions.

Si cette proposition de résolution est symbolique, les menaces pesant sur l'intégrité territoriale de l'Arménie sont bien réelles.

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