Intervention de Thomas Uthayakumar

Séance en hémicycle du mercredi 28 février 2024 à 21h30
Mieux partager la valeur et garantir des revenus dignes pour les agriculteurs

Thomas Uthayakumar, directeur des programmes et du plaidoyer de la FNH :

Prenons l'exemple du Marché commun du Sud, le Mercosur, puisque j'imagine que c'est l'un des traités de libre-échange auxquels vous faisiez allusion : pour résumer, il consiste à échanger de la viande contre des voitures – on exporte des produits manufacturés et on importe des contingents de viande, notamment de bœuf, dont la production ne respecte pas les normes en vigueur dans l'Union européenne.

Il faudrait que les accords de libre-échange, et plus largement les accords commerciaux, imposent réellement le respect de certaines règles, à commencer par celles de l'accord de Paris, qui fixe un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ou encore celles du règlement européen contre la déforestation importée, adopté il n'y a pas si longtemps. Ensuite, il faut que, dans ces accords, les chapitres consacrés au développement durable prévoient des mesures beaucoup plus coercitives qu'aujourd'hui.

Il y a énormément de choses à changer dans les accords de libre-échange, qui, en l'état actuel des choses, ne vont pas du tout dans le sens du développement durable et de notre objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nos contributions déterminées au niveau national (NDC) devraient également être beaucoup plus ambitieuses. Tous ces enjeux méritent d'être posés sur la table, car les mesures actuelles ne sont pas suffisamment coercitives.

S'agissant de l'importation de produits qui ne respectent pas nos normes, on parle beaucoup des mesures miroirs, qui visent à mettre fin aux importations d'aliments produits avec des pesticides interdits dans l'Union européenne. Le Premier ministre Gabriel Attal a d'ailleurs fait des annonces à ce sujet. La FNH a lancé une pétition, qui approche les 50 000 signatures – dont celles de plusieurs députés français et européens –, pour appeler à l'instauration de mesures miroirs. Elles sont l'occasion d'en finir avec le statu quo agricole et d'embarquer la profession agricole dans la transition agroécologique et la réduction de l'usage des pesticides, car les deux tiers de la production agricole française dépendent aujourd'hui des engrais de synthèse azotés. Malheureusement, le plan Écophyto pose aujourd'hui question, car son principal indicateur a été modifié : il faut donc repenser le système. Enfin, les mesures miroirs sont aussi l'occasion d'arrêter d'exporter des pesticides dont nous interdisons l'utilisation dans notre pays.

Les mesures miroirs ne doivent pas aboutir à une agriculture à deux vitesses, mais soutenir la solidarité et ce qu'on pourrait appeler le « juste-échange », un principe qui impose de repenser les accords de libre-échange et les accords commerciaux – en l'état, ces textes sont injustes pour toutes les parties.

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