Intervention de Damien Labbé

Réunion du jeudi 8 février 2024 à 9h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Damien Labbé, président de l'Union nationale de défense des intermittents de l'audiovisuel (Undia) :

Je suis entièrement d'accord avec M. Chirol : le métier de réalisateur est complètement différent selon le domaine dans lequel il est exercé. En réalité, les trois métiers de réalisateurs recouvrent des réalités et des champs de compétences très différents les uns des autres.

Concentrant les réalisateurs de documentaires, la convention collective ne prévoit pas de salaire minimum, qui est aligné sur le Smic. Encore faut-il que le réalisateur soit payé ! Lorsque le CNC a réduit sa dotation pour les documentaires diffusés sur la TNT, sans contrepartie des chaînes, les producteurs n'ont pas eu d'autre choix que de proposer des forfaits aux réalisateurs. De fait, il est difficile de quantifier le temps consacré à l'enquête et à la rédaction d'un dossier. En phase de production, en revanche, le temps de tournage et de montage est aisément quantifiable puisqu'il est calculé en nombre de jours. Pourtant, le réalisateur est souvent présent sans être rémunéré parce qu'il dépasse rapidement le forfait alloué, surtout pour des documentaires destinés à la TNT.

Par ailleurs, le profil du réalisateur de documentaire se rapproche beaucoup de celui du journaliste de reportage. D'ailleurs, il arrive souvent que ces deux métiers soient exercés alternativement par la même personne. Pourtant, chacun reconnaîtra qu'un journaliste est mieux placé qu'un réalisateur de documentaire pour réaliser une production destinée à « Envoyé spécial » ou « Complément d'enquête ».

Il s'avère que la plupart des journalistes travaillent comme pigistes, et relèvent donc du régime général. Or la récente réforme du régime général sanctionne très durement les salariés exerçant des activités discontinues, ce qui est le cas des pigistes. Ainsi, ces derniers ont vu leurs indemnités versées par Pôle emploi divisées par deux, voire par trois. Pour subvenir à leurs besoins, ces journalistes sont alors obligés de devenir intermittents, et par conséquent réalisateurs, quitte à perdre leur carte de presse qui leur est pourtant essentielle afin de traiter de certains sujets d'investigation.

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