Cela fait des semaines que nous entendons le Président de la République tenir des propos de plus en plus inquiétants et ambigus : « réarmement civique », puis « académique », « démographique », et maintenant réarmement tout court. Le Président a même récidivé, avant-hier, en agitant l'idée que la France pourrait envoyer des troupes en Ukraine. Je voudrais poser des questions assez simples : sommes-nous en guerre ? Si oui, contre qui ?
Il faut poser ces questions avant d'examiner un texte comme celui-ci, qui va détourner l'épargne des Français pour financer la production d'armes – car c'est bien de cela qu'il s'agit. Or les Français tiennent pour utile et essentielle cette épargne populaire, car elle finance les petites entreprises, l'économie sociale et solidaire, le logement social et la transition écologique. Ajouter l'armement à cette liste revient à en faire une priorité politique et budgétaire. Nous nous y opposons.
La défense éprouve des difficultés à se financer, certes ; mais j'ai une nouvelle pour vous, monsieur le rapporteur : c'est aussi le cas du social, de l'éducation, de l'écologie, du logement, en particulier quand M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, vient d'annoncer 10 milliards de coupes brutales dans les budgets des services publics. Vous nous dites que votre texte ne menace pas ces financements. Je crois, au contraire, qu'il fait courir le risque du retrait de l'épargne de beaucoup de personnes qui n'accepteraient pas que leurs économies financent le secteur de la défense.
Ce texte n'est pas seulement dangereux, il est aussi mal rédigé. Nous proposerons donc des amendements afin d'en améliorer la rédaction, tout en maintenant notre opposition.