Intervention de Vincent Bolloré

Réunion du mercredi 13 mars 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Vincent Bolloré, conseiller du président du directoire de Vivendi, ancien président du conseil de surveillance de Vivendi et du conseil de surveillance du groupe Canal+ :

Concernant les nouvelles réglementations qui pourraient advenir, nous sommes légalistes : nous les appliquerons, comme tout le monde. Cela fait 202 ans que notre groupe existe, il s'adaptera quoi qu'il arrive. N'ayez aucun doute sur le fait que nous respecterons l'ensemble de nos obligations, et si elles changent en cours de route, on s'y adaptera, cela fait partie de l'agilité de notre groupe.

En revanche, si, par extraordinaire, une chaîne du groupe Canal+ se voyait retirer sa licence, cela poserait deux types de problème. Tout d'abord, il s'agit d'un ensemble : si vous lui retirez l'un de ses piliers, cela crée une difficulté. Ensuite, cela constituerait une marque de défiance très importante. Il suffit de lire la presse pour se rendre compte que le succès et la liberté de ton de Canal+ gênent. Personnellement, je n'y crois pas du tout mais c'est le sentiment que cela donne aux gens de Canal+, notamment à Maxime Saada qui, en dépit de tous les éloges que j'ai pu faire le concernant, est tout de même particulièrement susceptible et paranoïaque.

Au-delà de cette marque de défiance, cela soulève le problème de la liberté d'expression, au cœur de cette commission d'enquête. Je ne suis pas un perdreau de l'année : je vois bien comment cela se passe. C'est comme à l'école : quand on veut vous expulser, on commence par dire que votre composition de français n'était pas bonne, puis on vous reproche ceci ou cela, on vous décerne un blâme, et on sait qu'on est sur le toboggan.

Vous l'avez dit, je suis le seul convoqué... Mais je suis très honoré d'être devant la représentation nationale ! Il est important de parler sans fard car la démocratie est un sujet sérieux. Supprimer la diffusion en clair déséquilibrerait le premier groupe français et européen. Ce serait pris comme une gifle – c'est d'ailleurs le but recherché, j'imagine.

En ce qui me concerne, je suis un optimiste : je pense que le groupe s'adaptera. Nous ne sommes pas dans le verbe mais dans la réalité économique. Quand on est responsable de 80 000 salariés, on ne fait pas des colères lorsque des gens ne sont pas contents. Mais j'alerte : le groupe Canal+, après avoir traversé une grosse épreuve, est devenu un protagoniste international. C'est, dans le domaine des médias, une des seules marques françaises réputées dans le monde entier, puisque les autres marques françaises ne se développent pas à l'étranger. Vous devriez plutôt choyer votre champion national. Si c'est moi qui vous déplais, ce n'est pas grave – cela ne durera pas longtemps : la biologie fera son œuvre… – mais si c'est Canal+, c'est plus embêtant.

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