Intervention de Nicole Belloubet

Réunion du mercredi 27 mars 2024 à 16h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Nicole Belloubet, ministre :

Je vais tenter de répondre à l'ensemble de vos questions, même si certaines n'ont pas encore fait pour moi l'objet d'une réflexion aboutie. Bien que je ne sois pas forcément en mesure de vous apporter aujourd'hui une réponse définitive, je sais que vos interpellations sont une manière d'appeler mon attention sur des sujets importants.

Je pense notamment à la première question que vous m'avez posée, madame Melchior. L'usage des langues régionales dans le cadre du DNB est un point délicat. Si j'ai bien compris, les sujets du DNB pouvaient jusqu'à présent être posés en langue régionale, mais la Dgesco a souhaité que les choses évoluent, non par défiance à l'encontre de ces langues, mais tout simplement parce qu'elle avait constaté des disparités académiques et le non-respect de certaines consignes de l'administration centrale. L'ouverture des sujets avant l'examen pour procéder à leur traduction était contraire au principe de confidentialité des épreuves. Par souci d'harmonisation et d'égalité entre les candidats, la Dgesco a donc été amenée à rappeler aux recteurs que les consignes et les documents joints devaient être rédigés en français, comme il en va d'ailleurs de toutes les épreuves du baccalauréat. J'entends cependant l'émotion qui peut naître ici ou là ; j'étudierai ce dossier avec attention et j'en rediscuterai avec l'administration centrale. Je rappelle que, pour la session 2025, nous devons revoir l'organisation du brevet et fixer des coefficients différents – 60 % pour les épreuves finales, 40 % pour le contrôle continu. Ce sera peut-être l'occasion de retravailler sur l'ensemble des dispositifs.

Madame Lechanteux, vous avez appelé mon attention sur la question de la violence numérique. Je répète que nous avons parfaitement repéré les failles qui ont conduit à ces incidents : c'est en usurpant des comptes d'élèves que des personnes sont parvenues à entrer dans les espaces numériques de travail et à envoyer ces mails tout à fait inacceptables. Il n'y a pas de faille numérique globale, mais l'accès aux comptes est un point de faiblesse ; c'est la raison pour laquelle nous allons procéder à leur réinitialisation et renforcer leur sécurisation, au-delà du traitement assuré par les plateformes. Je ne reviens pas sur les mesures que j'ai prises et que j'ai déjà annoncées.

Monsieur Le Vigoureux, je serai très franche avec vous : la révision de la carte de l'éducation prioritaire figure dans ma lettre de mission, mais dès que j'en parle à quelqu'un, on s'affole et on me répond que personne n'a jamais osé s'attaquer à ce dossier tant il est délicat. Beaucoup d'établissements désirent entrer dans les dispositifs d'éducation prioritaire mais peu souhaitent en sortir. Je traiterai donc cette question mais ne peux pas m'engager sur une date.

Monsieur Vannier, vous m'avez interrogée sur la situation de deux établissements confrontés à des problèmes différents. Au collège Stanislas, c'est une difficulté pédagogique qui a été repérée : une inspection générale a été lancée et un plan comprenant des recommandations a été établi. L'établissement doit désormais se mettre en conformité avec ce plan, avant une nouvelle inspection. Nous prendrons évidemment les mesures nécessaires en fonction des résultats de cette dernière. C'est au recteur qu'il appartiendra de donner son avis sur les suites à donner. La situation du lycée Averroès est différente, puisque la décision prise par le préfet tient essentiellement à l'opacité du financement de l'établissement. Un recours juridique est d'ailleurs pendant dans cette affaire.

Monsieur Minot, vous avez sans doute mal entendu ma réponse tout à l'heure. Je réaffirme que le proviseur du lycée Maurice-Ravel n'a pas démissionné : il a été placé dans une position qui anticipe sa mise à la retraite, qui doit intervenir en juillet prochain. Je redis clairement ici que l'ensemble des services académiques ont apporté à ce proviseur non seulement un soutien juridique, mais également un soutien que j'espère pouvoir qualifier de moral ; par ailleurs, les forces de l'ordre ont été déployées devant l'établissement et elles y sont toujours présentes.

C'est évidemment un choc quand un proviseur voit son autorité ainsi contestée et fait l'objet d'une plainte déposée par un élève. Je redis ici mon plein et entier soutien à tous les proviseurs. Dès que je peux faire quelque chose pour leur témoigner ce soutien, je n'hésite pas un instant – si je parle à la première personne, ce n'est pas pour m'approprier la particularité de ce soutien, mais parce que je crois que l'ensemble des services de l'éducation nationale sont aujourd'hui très soudés.

Le « pas de vagues » est inacceptable. Vous pouvez me faire tous les procès et déployer tous les slogans que vous voulez, mais je constate que vous ne formulez pas de propositions précises. Pour ma part, je dis les actions que nous mettons en place. C'est peut-être ce qui nous différencie.

Monsieur Fait, vous m'avez interrogée sur les stages de seconde, que nous avons généralisés. De nombreuses entreprises, parfois de grande taille, accueillent des stagiaires ; c'est également le cas des ministères – moi-même, je le ferai. Pour aider les élèves concernés à trouver un stage, nous publions des offres sur la plateforme « 1 jeune, 1 solution », mais toutes n'y sont pas recensées. Leur nombre – 3 177 à ce jour – ne cesse d'augmenter, et les élèves ont encore du temps. Nous avons travaillé, notamment au Cese, le Conseil économique, social et environnemental, avec de nombreuses entreprises : nous les incitons à inscrire leurs offres sur la plateforme, qui monte en puissance. Il faut qu'elles en prennent l'habitude, mais cet outil devrait se révéler précieux pour les élèves qui n'ont pas d'offre de stage.

Monsieur Odoul, j'ai déjà répondu à votre question concernant le lycée Maurice-Ravel. Vous m'avez accusée de lâcheté. Le mot n'est pas adéquat et, en l'employant, vous insultez l'ensemble de l'éducation nationale. Personne dans le système éducatif ne fait preuve de lâcheté. Nous agissons avec lucidité et responsabilité. Nous savons sanctionner ceux qui doivent l'être : tout auteur d'atteinte aux valeurs de la République ou à l'autorité des professeurs.

Monsieur Berta, vous m'avez interrogée sur l'enseignement des sciences, au-delà des mathématiques. Je suis très sensible à ce sujet. J'ai ainsi longtemps participé à la fondation La Main à la pâte, qui accomplit un travail remarquable dans ce domaine, notamment dans le premier degré. Je soutiens les sciences pour tous, et toutes les sciences : nous incitons nos élèves à travailler à les connaître, et les programmes le permettent.

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