Intervention de Frédéric Mortier

Réunion du jeudi 21 mars 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

Frédéric Mortier, ancien délégué interministériel aux risques majeurs outre-mer (Dirmom) :

C'est un sujet assez vaste.

Dans ces territoires, beaucoup de gens n'ont pas la culture de l'assurance. Après Irma, on a constaté que seulement 20 % des bateaux étaient assurés – et pourtant beaucoup de leurs propriétaires étaient originaires de l'Hexagone. Quand on parle à des natifs, on se rend compte que le réflexe de s'assurer n'est pas évident. Nous avions identifié le problème et nous avons beaucoup travaillé avec les assureurs à ce sujet. Nous pensions qu'il était possible que les foyers modestes s'assurent davantage, à condition de proposer un produit d'appel qui ne coûte pas plus de 50 euros par an. Des solutions étaient envisageables et cela leur aurait permis de bénéficier de l'extension de garantie Cat nat.

Cela étant dit, les acteurs de l'assurance sont de grandes sociétés et le marché est mondial. Prévoir des produits aussi spécifiques pour une clientèle assez réduite n'est certes pas facile, mais cela serait très vertueux.

Je vous ai parlé de notre projet de campagne d'acculturation aux risques. Le préfet de la Martinique avait proposé de mener une action pédagogique précisément sur l'assurance, et les assureurs étaient d'accord pour activer leur réseau.

Nous avons mené une campagne à Mayotte à propos des phénomènes sismo-volcaniques afin de développer la culture du risque. Pour cela, nous avons souhaité utiliser un support créatif et original, susceptible de toucher les gens. Nous avons réalisé trois vidéos financées par l'assureur Allianz, avec des personnalités et influenceuses locales.

Les assureurs étaient volontaires pour participer à la politique de prévention, car ils en ont compris tout l'intérêt du point de vue financier. Ils ont estimé que 1 euro investi dans la prévention permettait en fin de compte d'en gagner au moins 7.

En plus des campagnes d'information, un produit d'appel est nécessaire, ce qui suppose d'élargir un peu l'offre pour que davantage de personnes s'assurent. France Assureurs a réalisé un retour d'expérience intéressant après l'ouragan Irma. Peu de temps après ce dernier, nous avons consacré beaucoup de temps à faciliter les versements par les assurances et on en a vu les effets très bénéfiques. Les retours d'expérience sous-estiment souvent les traumatismes psychologiques liés à l'occurrence de ce type d'aléas, mais il faut vraiment les prendre en compte car tout ne se réduit pas aux chiffres. Dès que cela a été possible, les PDG des grands groupes d'assurance sont venus à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin et ont formalisé leurs interventions. Le seul fait que les assureurs et les experts interviennent constituait une graine d'espoir pour les entrepreneurs et les particuliers. Le rôle de l'assurance était de ce point de vue très important, outre le fait qu'il permettait de relancer l'activité.

L'une de nos préoccupations était de maintenir les capitaux sur place, car certains investisseurs et entrepreneurs ont quitté Saint-Martin. Nous voulions absolument les retenir, car le territoire avait besoin de cette énergie pour se relancer.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion