Intervention de Frédéric Mortier

Réunion du jeudi 21 mars 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

Frédéric Mortier, ancien délégué interministériel aux risques majeurs outre-mer (Dirmom) :

Une mission inter-inspections va également commencer à travailler sur la question des incendies de végétation liés au changement climatique outre-mer. La lettre de commande est en cours de signature par les quatre ministres commanditaires.

Il y a un lien avec la question de l'assurance – également valable dans l'Hexagone – car les assureurs pourraient jouer un rôle important en matière de prévention et d'information auprès de leurs clients. On pourrait par exemple imaginer un système de franchises et de bonus-malus pour faire mieux respecter les obligations légales de débroussaillement.

Les assureurs sont des acteurs économiques très importants et leur rôle est essentiel lorsqu'il s'agit de relancer un territoire et les entreprises qui y sont implantées.

Un certain nombre de risques, dont le risque incendie, ne sont pas pris en compte dans les territoires ultramarins. Mais la dynamique du changement climatique y fait apparaître des signes très préoccupants.

En outre, ces territoires doivent faire face aux risques sismiques. Nous nous étions penchés sur la question avec des scientifiques et, en plus du phénomène sismo-volcanique à Mayotte, on sait que des essaims de séismes se produisent autour de la Martinique. Les travaux de confortement sont donc essentiels. Une étude du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a montré qu'un séisme d'ampleur à la Martinique se traduirait par 30 000 victimes.

Dans le même temps, il faut arriver à intéresser les assureurs. Du fait de l'occurrence successive d'aléas, le groupe AXA est parti de nombreux territoires d'outre-mer, même s'il reste parfois présent par le biais de contrats flotte internationaux liés aux aérodromes. Il est important que les territoires ultramarins restent attractifs pour les assureurs, car l'on voit bien qu'une forme d'érosion de celle-ci est à l'œuvre.

En Europe et en France, nous avons la chance d'avoir un système assurantiel solide, adossé à la réassurance. J'ai été témoin des situations dramatiques vécues par des familles d'entrepreneurs de Saint-Martin qui s'étaient assurés aux États-Unis ou du côté hollandais de l'île auprès de compagnies qui ne tenaient absolument pas la route.

Pour conserver l'attractivité de l'outre-mer, il ne faut pas rajouter de trop fortes contraintes. Tout cela doit passer par un dialogue avec les assureurs. Nous en avions eu un très constructif avec France Assureurs et des grands groupes comme Generali et Allianz, mais aussi avec Bercy.

L'assurance est un élément essentiel pour l'avenir et le développement des territoires ultramarins.

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