Intervention de Nicolas Bertholon

Réunion du jeudi 21 mars 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

Nicolas Bertholon, deuxième adjoint au maire de Punaauia :

Lorsque j'étais enfant, dans les années 1970 et au début des années 1980, on ne nous parlait jamais d'événements climatiques violents. Ma famille est originaire de Takaroa et de Takapoto, des atolls du nord ; quand j'allais en vacances chez mes grands-parents, la première chose que je voyais, le point le plus haut de cette région qui est un peu comme le plat pays de Jacques Brel, c'étaient les mâts d'un clipper hollandais qui s'était échoué lors du cyclone de 1906, lequel avait fait de nombreuses victimes et causé beaucoup de dégâts. Entre cet événement, qui avait marqué les esprits, et les cyclones des années 1980, on avait l'impression que tout allait bien, que le mauvais temps était limité à la saison des pluies, et on avait un peu oublié que, parfois, la nature peut se fâcher.

Or, comme il vient d'être dit, nous avons connu une succession très rapprochée de dépressions tropicales, dont certaines sont devenues des cyclones, dans les années 1980. La Polynésie française est aussi étendue que l'Europe, de sorte que certains cyclones peuvent concerner une partie du territoire mais pas le reste, et leur parcours peut être erratique : l'un d'eux a même fait une boucle pour passer deux fois au même endroit. Un autre, Orama ou Veena, a frappé durement Tahiti où il a causé d'importants dégâts. La culture du risque et la mémoire de ces événements sont très ancrées chez nous.

Des automatismes, facilités par les moyens de communication modernes, se sont créés. Jusque dans les années 1980 et 1990, il n'existait que douze stations synoptiques de Météo-France pour toute la Polynésie française, alors qu'il y en a une tous les 50 kilomètres en métropole, ce qui permet de prévoir à la minute près l'arrivée du moindre cumulonimbus qui va entraîner des précipitations. Même si nous étions en mesure d'installer un dispositif équivalent, on ne mettrait pas des stations au milieu de l'océan ! Nous n'en disposons pas moins de moyens satellitaires impressionnants. Au début de l'année, nous avons ainsi pu suivre, minute par minute, de nuit comme de jour, deux dépressions. Ces outils ont affiné notre perception des aléas climatiques.

Les moyens de communication se sont aussi beaucoup améliorés. Depuis quelques années, des sirènes s'enclenchent le premier mercredi de chaque mois, cet exercice étant destiné à préparer la population à d'éventuelles alertes au tsunami.

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