Intervention de Sébastien Jumel

Séance en hémicycle du mardi 9 avril 2024 à 15h00
Discussion des articles (projet de loi) — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

En septembre 1963, le général de Gaulle, alors en tournée d'inspection des premières constructions de centrales nucléaires, déclarait que l'énergie atomique « est, comme vous le savez tous, le fond de l'activité de demain ».

En tant que député communiste, je crois que demain est déjà là. Demain, c'est le réchauffement climatique et ses multiples conséquences, qui nous obligent à disposer d'une source d'énergie décarbonée. C'est la guerre aux portes de l'Europe, qui nous oblige à trouver des sources d'énergie alternatives au gaz russe. C'est la nécessité de disposer d'une énergie pilotable alors que nous cherchons à réindustrialiser et à électrifier les usages.

Je sais que nous ne partageons pas tous le même constat. Sur ces bancs, figurent des gaullistes et des communistes, qui se souviennent d'avoir apporté leur concours à la construction de notre outil de production d'énergie nucléaire. D'autres pensent différemment et tous les points de vue sont légitimes : je tenais à le dire d'emblée. Mais quelle que soit notre religion, si je puis le dire ainsi, les uns souhaitant que le nucléaire figure dans le mix énergétique, les autres ne le voulant pas, cette énergie fait partie de notre réalité. Il faut donc la traiter avec intelligence. Il faut donc préserver la confiance.

Lors de la campagne présidentielle de 2022, Emmanuel Macron a présenté ses objectifs énergétiques pour notre pays, à savoir la relance de la filière nucléaire française, grâce à la construction d'au moins six réacteurs de type EPR, et la prolongation de la durée de vie des centrales existantes. Or, qu'on adhère ou non à ces objectifs, le contrat est clair : une relance de la filière ne peut avoir lieu qu'à cadre de sûreté constant – cadre qui demeure la condition sine qua non de la confiance.

Pourtant, depuis un an et demi, vous tentez de la briser. Vous avez d'abord agi à la hussarde, en essayant d'introduire par voie d'amendement une réforme du modèle de sûreté nucléaire, que la représentation nucléaire s'est empressée de balayer. Ensuite, après des mois d'offensive, vous avez présenté un projet de loi fabriqué sans consentement ni consensus, et contre l'avis de tous, quoi que vous en disiez désormais.

Il aurait été utile de mettre à profit ces quelques mois pour convaincre les parlementaires et mettre d'accord les salariés et les experts. Mais pas plus aujourd'hui qu'il y a un an et demi, il n'existe de raison de réformer notre système de sûreté nucléaire, si ce n'est une obsession pathologique pour semer la pagaille et le désordre ! Le débat au Parlement n'aura pas levé nos doutes et nos interrogations, pas plus que ceux de la communauté scientifique. Aucun rapport ne l'aura permis non plus, y compris celui que vous corédigé et présenté à l'Opecst en juillet 2023, monsieur le rapporteur Fugit. Ce rapport n'a pas décelé la moindre faille dans le modèle français – pas plus que ceux de tous les organismes compétents en matière de sûreté nucléaire.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) nous a-t-elle demandé de réviser notre modèle de sûreté nucléaire ? Évidemment que non ! Elle met régulièrement en lumière les meilleures pratiques dans ce domaine et la France est souvent citée en exemple. D'autres organismes ou personnalités ont-ils appelé de leurs vœux une telle réorganisation ? Non ! En tout cas, ce ne fut le cas ni des anciens présidents de l'Opecst…

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