Intervention de Gilles Huttepain

Réunion du jeudi 28 mars 2024 à 11h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Gilles Huttepain, vice-président de l'Association nationale interprofessionnelle de la volaille de chair :

Elles ont commencé à l'époque où Mme Merkel était chancelière. Elle avait négocié l'implantation d'usines de production automobile contre l'augmentation des importations de volaille. La part des importations en dehors des taux réduits est assez faible et les taux réduits sont discutés chaque fois par Bruxelles. Sur le plan géopolitique, nous avons été confrontés à des problèmes avec l'arrêt des accords de l'OMC. Désormais, les accords sont passés de zone à zone, avec le Canada ou l'Amérique du Sud par exemple Il n'existe plus de vue globale telle que celle qui régnait à la fin des années 2000. Je rappelle que le dernier round de négociation de l'OMC est intervenu en 2008. Ensuite, le cadre de l'Accord économique et commercial global (AECG) ou CETA nous concerne peu dans la mesure où les Canadiens ne sont pas particulièrement performants dans la production de volailles.

La position de l'interprofession de la volaille vis-à-vis des accords de libre-échange est qu'il est nécessaire de fixer des limites. À titre d'exemple, on nous indique aujourd'hui qu'il faut aider l'Ukraine face à l'agression russe. Je suis prêt à recevoir 250 000 poulets ukrainiens de la part de M. Zelensky, mais à l'unique condition que nous diminuions par ailleurs d'autres quotas entrants, par exemple avec le Brésil. Malheureusement, à l'heure actuelle, les quotas tendent à s'accumuler.

Monsieur le président, vous avez posé la question essentielle il y a quelques minutes : à quoi correspond la souveraineté alimentaire française ? Avant toute autre chose, il importe de répondre à cette question. Nous avons besoin que les représentants de la nation se positionnent sur ce sujet, pour nous éclairer et nous donner de la visibilité. La crise agricole et avicole actuelle repose en grande partie sur un sentiment de lassitude de la part des éleveurs. Dans les années 1960 et 1970, on nous a demandé d'accroître la production, avant de faire marche arrière par la suite. Ensuite, il nous a été reproché de mal produire, puis on nous a demandé de monter en gamme. Désormais, nous sommes confrontés à un problème de fond, car nous ne pouvons pas nous adapter à ces changements successifs.

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