Intervention de Michel Castellani

Séance en hémicycle du lundi 29 avril 2024 à 15h00
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Castellani :

Un génocide est un acte par lequel une autorité politique dirige l'assassinat des membres d'une population pour des raisons ethniques, raciales ou religieuses. Il s'agit d'une politique délibérée de destruction de l'autre, souvent accompagnée de la déportation des survivants et de la destruction du patrimoine culturel et historique. Sont admis comme génocides le massacre des Arméniens par les Ottomans en 1915, celui des Ukrainiens par les bolcheviques en 1933, celui des Juifs et des Tziganes par les nazis lors de la seconde guerre mondiale, celui des Tutsis par les Hutus en 1994 et celui des Bosniaques de Srebrenica par les Serbes en 1995. La France reconnaît ces génocides dans la loi ou par des déclarations politiques et solennelles.

Notre assemblée s'apprête à reconnaître le caractère génocidaire du massacre des Assyriens, Chaldéens, Syriaques et Araméens par les Ottomans entre 1915 et 1918. Nous nous devons d'être fidèles à l'histoire. Nous devons reconnaître et condamner publiquement ce génocide ; nous placer du côté des victimes civiles innocentes ; dire que des crimes abjects ont été commis pour des motifs honteux. Les Assyro-Chaldéens ont été victimes d'un génocide physique, culturel, religieux et territorial, comme ils ont été victimes du déracinement et de l'errance qui en ont résulté. L'objectif était de détruire des peuples au point qu'on ne se souvienne même plus de leur existence.

C'est à partir d'un faisceau d'indices, solidement établis, que nous pouvons définir objectivement le caractère génocidaire. Mais, nous ne devons jamais l'oublier, une résolution de l'Assemblée nationale, éminemment politique, ne saurait être placée sur le même plan qu'une décision de la justice pénale internationale. Les travaux parlementaires visant à qualifier de génocidaires l'extermination de masse, la déportation et la suppression de l'héritage culturel des Assyro-Chaldéens remontent à la loi relative à la reconnaissance du génocide arménien en 1915.

Nous devons au groupe Renaissance l'inscription de cette proposition de résolution à l'ordre du jour, à la suite du vote intervenu au Sénat en février 2023. Je veux, à cet égard, souligner l'engagement d'un certain nombre de collègues, en particulier François Pupponi – mon ami –, et saluer le professeur Yacoub pour son travail inlassable, ainsi que les personnes présentes dans les tribunes du public.

Le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires soutiendra cette proposition de résolution, mais j'aimerais faire trois remarques.

D'abord, il est dommage qu'à la reconnaissance et à la condamnation du génocide des Assyro-Chaldéens ne soit pas associée une journée de commémoration. Sans occulter les spécificités culturelles des peuples concernés, l'identité des assassins et la concomitance historique des faits auraient justifié que le 24 avril devienne une journée commune consacrée à la mémoire des génocides des Assyro-Chadéens et des Arméniens.

Second motif d'insatisfaction : le massacre des Grecs pontiques d'Antioche est mentionné dans l'exposé des motifs du texte sans que cela ait de conséquences. Tout se passe comme si notre assemblée avançait par à-coups…

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