Intervention de Manon Meunier

Réunion du mercredi 12 octobre 2022 à 17h50
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaManon Meunier :

Le déclin de l'alouette des champs est emblématique de celui des oiseaux communs en milieu agricole, un déclin lent et régulier. Initialement classée dans la catégorie « préoccupation mineure », l'espèce est désormais considérée comme « quasi menacée » dans la liste rouge des oiseaux menacés de France métropolitaine, établie par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont la France a accueilli le congrès il y a deux ans.

Dans le volet biodiversité du PLF, le programme de suivi temporel des oiseaux communs (Stoc) est évoqué. En effet, il s'agit de l'indicateur que vous avez retenu pour mesurer l'évolution de la biodiversité ordinaire. Or, ce programme nous apprend que l'alouette des champs a vu sa population chuter de 21,9 % entre 2001 et 2019. De nombreux indices se trouvaient donc sous les yeux du Gouvernement, et auraient pu vous alerter sur le fait que votre décision relative à l'autorisation de la chasse de plus de 100 000 alouettes des champs – sans même prendre en compte les avis du Conseil d'État, ni les alertes d'associations comme la Ligue pour la protection des oiseaux – est un non-sens écologique. On se demande donc en faveur de quoi, ou de qui, le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires assume de prendre ces décisions, si ce n'est pas pour l'intérêt général.

La préservation de cette biodiversité dite « ordinaire » est pourtant primordiale. Sur le terrain, de nombreuses associations naturalistes effectuent un travail méticuleux d'étude et de protection. De plus, dans les écoles et sur les écrans, de nombreuses associations nous informent sur ces sujets et nous sensibilisent à la protection de notre environnement. Or, ces associations – comme une grande partie du monde associatif, pourtant indispensable à la bonne santé de la société – alertent depuis plusieurs années sur la diminution des subventions destinées à leur fonctionnement, et dénoncent un système par appel à projets, qui les oblige à entrer dans des cases et ne correspond pas toujours aux réalités du terrain. Pourtant, le budget insignifiant prévu pour le volet biodiversité – seulement 300 millions d'euros pour toute la France – ne permettra pas de régler ce problème.

L'amendement qui vise à supprimer l'avantage fiscal pour les associations lanceuses d'alerte n'arrangera pas la situation. Au contraire, il menace encore davantage la survie de ces associations, comme l'exercice de leurs missions de protection de la nature. Nous attendons que le Gouvernement s'oppose clairement à cet amendement et qu'un programme détaillé de soutien aux associations de protection de la biodiversité soit mis en place.

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