La stratégie Écophyto 2030 récemment dévoilée, même si elle marque l'infléchissement bienvenu d'un plan qui équivalait jusqu'à présent à un suicide de l'agriculture française, suscite toujours des interrogations. Nous saluons évidemment l'abandon du Nodu (nombre de doses unités), que vous avez longtemps refusé malgré les faiblesses évidentes de cet indicateur qui, ne distinguant pas les produits phytosanitaires en fonction de leur dangerosité, aboutissait à conclure contre toute évidence que leur usage dans l'agriculture française ne diminuait pas. Le choix a cependant été fait de maintenir l'objectif de réduire de moitié l'usage de produits phytosanitaires dans l'agriculture par rapport à la période 2015-2017, sans que ne soit jamais expliqué ce sur quoi il se fonde scientifiquement, sachant par ailleurs que cet objectif a été abandonné au niveau européen.
Alors que les données relevées par l'Efsa mettent chaque année en lumière un risque sanitaire lié aux produits phytosanitaires proche de zéro pour les consommateurs, quelle est l'utilité de poursuivre cet objectif, dans un contexte où nos agriculteurs sont excédés de se voir demander d'être plus vertueux que ne le sont leurs homologues partout dans le monde ?
À ce sujet, comment justifiez-vous le décalage flagrant du plan Écophyto, même substantiellement amendé, avec l'engagement pris de ne plus opérer de surtransposition des prescriptions européennes dans notre droit français ?
En outre, peut-on toujours s'orienter vers une hypothétique fin du glyphosate, alors qu'aucune autre option satisfaisante ne semble se dessiner dans l'avenir proche, sachant que l'autorisation de cette molécule sur le marché européen a été prolongée jusqu'en 2033 et que, même à terme, sa disparition relève pour l'instant de l'utopie ? Quelle est votre stratégie à ce sujet ?
Enfin, nos agriculteurs sont privés de nombreuses substances, qui ne font l'objet d'aucune interdiction au niveau européen. C'est le cas de l'acétamipride, largement utilisé par nos voisins de la filière betteravière contre le puceron, ainsi que dans de nombreuses autres filières comme celles de la noisette – vulnérable à certains ravageurs tels que la punaise diabolique – ou de certains fruits. L'Italie utilise de l'acétamipride et exporte sur notre sol de la noisette, sans parler de la Turquie. Nos agriculteurs ne peuvent pas continuer ainsi : quel est votre regard sur leurs demandes légitimes ?
Nous appelons à un changement radical, et non à un simple toilettage se contentant de limiter les effets les plus néfastes du plan arrêté lors de la dernière décennie. L'agriculture française est l'une des plus vertueuses au monde et demande avant toute chose ce que vous lui refusez jusqu'à présent, à savoir de la confiance.