Intervention de Emmanuelle Ménard

Réunion du mercredi 12 octobre 2022 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Entre 2017 et 2027, la contribution de la France à l'Union européenne aura augmenté de 73,7 %. Une telle hausse pose évidemment question quand on sait que notre pays est contributeur net – ce qui signifie, concrètement, qu'il donne plus d'argent à l'Union européenne qu'il n'en reçoit sous forme d'aide. Depuis le Brexit, la France est le deuxième contributeur net au budget de l'Union européenne, derrière l'Allemagne. À l'heure où chaque euro compte, selon les mots du ministre de l'économie, et alors que la France s'apprête à verser 24,5 milliards d'euros, j'aimerais insister sur les termes « contributeur net », dont on parle assez peu au niveau européen, au point parfois de nous conduire à penser que l'Union européenne serait un jeu à somme positive dont tout le monde bénéficierait. Or il y a bien une différence entre celui qui donne plus qu'il ne reçoit et celui qui reçoit plus qu'il ne donne.

En décembre 2020, l'Union européenne a approuvé un plan de relance de 750 milliards d'euros, qui instaure une ressource propre de l'Union européenne et en promet d'autres. En attendant, c'est surtout un plan dont les emprunts sont cautionnés, et la France devra, une fois encore, rembourser plus qu'elle ne touchera. On nous explique que l'Union européenne participe à la relance française, puisque, au titre du fonds créé par ce plan, nous toucherons 39,4 milliards d'euros d'ici à 2026. Mais, selon les estimations, si la contribution de la France à l'Union européenne reste stable, le plan coûtera 70 milliards d'euros aux Français, au bas mot, car le remboursement des prêts est calculé en fonction de notre participation relative au budget européen. L'opération pourrait donc se révéler nettement défavorable. On me rétorquera probablement qu'il faut sortir de cette logique comptable et prendre en compte les engagements hors budget. Il n'en demeure pas moins que le constat pose une question, qui reste ouverte, naturellement : celle de la solidarité européenne et de son coût. Si je me sens profondément européenne, je me demande tout de même si la France a encore les moyens de ses ambitions.

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