Intervention de Laurent Jacobelli

Réunion du mercredi 5 octobre 2022 à 16h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Jacobelli :

Je ne partage pas votre enthousiasme sur cette hausse de 3 milliards. Elle servira à peine à combler le retard accumulé ces dernières années, dont vous n'êtes pas responsables mais qui est une réalité. L'inflation devrait en outre absorber pratiquement la moitié de l'augmentation.

Nous continuons également à assister à ces traditionnels tours de passe-passe, avec les reports de charges d'une année sur l'autre, qui créent une forme d'opacité dans la lecture du budget.

Nous avons besoin d'une bonne gestion et d'un budget en hausse significative, car il est temps de réinvestir massivement pour retrouver une souveraineté pleine et entière en matière de défense et d'industrie de défense. L'idéologie européiste a déjà conduit au déclin notre agriculture, notre sidérurgie, nos industries de santé et notre politique énergétique, nous rendant toujours plus vulnérables aux crises et plus dépendants. Ce mal ne doit pas s'étendre à la défense de notre patrie.

La préservation de notre indépendance et de notre souveraineté exige, Monsieur le ministre, un budget plus ambitieux. Pourquoi s'entêter, dans une forme de mariage forcé, à vouloir coproduire des systèmes avec l'Allemagne ? Ce pays ne partage pas notre stratégie industrielle et militaire et il préférera toujours le bouclier américain à la solidarité avec son voisin français !

La nécessaire recherche d'alliances stratégiques et d'accords de défense mutuelle ne doit pas déboucher sur une sujétion à une puissance étrangère ou un groupe de nations. Il faut opérer d'urgence un visage à 180 degrés. La France doit de nouveau gérer son industrie de défense et sa défense de manière indépendante, loin des considérations européennes obligées. En s'appuyant sur des partenaires fiables partageant les mêmes intérêts et besoins opérationnels, les industriels ont lancé de nombreux programmes d'exportation. Relancer les filières abandonnées sur notre territoire, en particulier les fusils et les armes de poing, doit également être une priorité. En cas de conflit de haute intensité, nous ne pourrons pas nous permettre de dépendre d'importations pour nos matériels ou leurs composants.

Monsieur le ministre, je vous ai interrogé par le biais d'une question écrite mais je profite de votre présence pour revenir sur la place que vous souhaitez réserver aux industriels français dans les appels d'offres. Les erreurs commises par le passé, notamment avec le remplacement du Famas, ne doivent pas être reproduites.

Vous avez qualifié votre politique de gaullienne et insisté sur la nécessité de défendre la souveraineté. Ces mots résonnent pour les députés de mon groupe. Je suppose que vous faisiez référence à la souveraineté française, car la souveraineté européenne ne veut rien dire. La souveraineté n'existe que pour les nations. Si vous avez réellement cette ambition, vous devez vous en donner les moyens. Le groupe Rassemblement national estime, comme l'avait déclaré Marine Le Pen lors de sa candidature à la Présidence de la République, qu'un budget de 55 milliards par an est nécessaire pour notre défense et nos armées.

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