Intervention de Robin Reda

Réunion du mercredi 19 octobre 2022 à 17h05
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRobin Reda, rapporteur spécial :

J'ai le plaisir de rapporter, au nom de la commission des finances, ce premier budget du quinquennat, premier budget aussi de l'État, avec 60,2 milliards de crédits. Ceux-ci sont en augmentation de 3,7 milliards. La rentrée, qu'on annonçait difficile, s'est passée de façon très honorable, sous le pilotage du ministre, dans un contexte sanitaire bien meilleur : elle marque ainsi un retour à la normale.

Les enjeux liés à l'école figurent parmi les grandes priorités du Président de la République pour ce quinquennat. Il l'a affirmé devant les recteurs d'académie : « Nous rêvons d'une école qui fasse réussir nos enfants et qui fasse réussir la France ».

Ce budget en hausse traduit l'hommage unanime que nous rendons à nos enseignants et notre souhait collectif que leur métier soit revalorisé. Cette revalorisation doit prendre une forme sonnante et trébuchante, et ce budget vise une augmentation de 10 % en moyenne. Nous renforçons aussi les moyens de soutien à la politique de l'éducation nationale pour des professeurs mieux formés, mieux accompagnés. Leur autorité doit être replacée au cœur des préoccupations, afin que les valeurs et les principes républicains soient respectés.

À cette étape de mon propos, permettez-moi d'avoir une pensée pour Samuel Paty et, en évoquant sa mémoire, pour tous ses collègues professeurs et professionnels du monde éducatif, qui œuvrent chaque jour afin de préserver l'école des pressions religieuses, et pour défendre cette belle protection universelle et humaniste qu'est la laïcité.

Dans la trajectoire des années antérieures, qui ont vu augmenter les moyens dédiés à l'enseignement scolaire, le budget de la mission 2023 est marqué par plusieurs objectifs. D'abord, il s'agit d'offrir le meilleur accompagnement possible : le taux d'encadrement progresse, alors même que nous vivons une forte baisse démographique. Le nombre de postes d'enseignants restera plus élevé que les besoins, ce qui permet une organisation plus souple et plus qualitative au sein des établissements scolaires. Nous pourrions citer aussi la poursuite des dédoublements de classes, le renforcement de l'apprentissage des savoirs fondamentaux ou les nouveaux temps dédiés à la meilleure orientation des élèves.

Ensuite, il faut provoquer un choc d'attractivité pour le métier d'enseignant, qui doit retrouver dignité et prestige. Au-delà des revalorisations générales liées à l'augmentation du point d'indice et à la pérennisation des mesures du Grenelle de l'éducation, une enveloppe supplémentaire de 935 millions est prévue pour tous les enseignants, dont une part correspond au pacte avec les enseignants, actuellement en concertation. La reconnaissance sociale de l'engagement et des efforts des enseignants en dehors du temps scolaire doit se traduire par un complément de rémunération.

Par ailleurs, le Président de la République a souhaité libérer l'école de ses carcans, préfigurant ce que pourrait être l'école du futur. Aux côtés des dispositifs pédagogiques existant et financés par la mission Enseignement scolaire, je veux mentionner la mise en place du fonds d'innovation pédagogique, destiné à faciliter la mise en œuvre de projets éducatifs. Il faudra bien sûr évaluer ces nouvelles méthodes pédagogiques, en s'appuyant notamment sur les travaux du conseil d'évaluation de l'école, qui ont vocation à prendre de l'importance et à accompagner les équipes éducatives dans cette vision nouvelle. Permettez-moi de souhaiter le succès de cette démarche.

L'école inclusive poursuit sa montée en puissance avec le recrutement de 4 000 AESH supplémentaires. Le budget pour l'accueil des enfants en situation de handicap ou à particularités est en augmentation de 220 millions, après avoir augmenté de 1,3 milliard en cinq ans. Cela va de pair avec la reconnaissance du métier des plus de 130 000 AESH, qu'il convient encore d'accompagner sur la voie d'emplois plus stables et mieux rémunérés.

Je tiens à mentionner l'irruption de la question écologique à l'école, dans les contenus d'enseignement mais aussi dans les projets éducatifs en lien avec la préservation de la nature, ou encore dans l'attention portée à la rénovation du bâti scolaire. Ces questions sont dévolues aux collectivités territoriales et sont d'une importance particulière en cette période de nécessaire sobriété énergétique.

Dans cette optique, l'enseignement agricole, avec plus de 200 000 élèves, propose des formations d'excellence dans la « grande aventure du vivant » ; il bénéficie pour cela de 67 millions d'euros supplémentaires. Au-delà de la formation de qualité qu'il offre, cet enseignement répond aux enjeux de souveraineté alimentaire en préparant à des emplois qui ont du sens, pour bâtir l'agriculture de demain et nourrir nos concitoyens.

Il n'y a pas de fatalité, ni au décrochage éducatif – que certains exagèrent à des fins politiciennes – ni au maintien de déterminismes encore trop ancrés. Ce budget d'avenir prend la mesure d'un véritable combat contre la montre pour que l'humanisme, l'universalisme et le progrès demeurent, grâce à l'éducation, le fondement de notre société démocratique.

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