Intervention de Pap Ndiaye

Réunion du mercredi 19 octobre 2022 à 17h05
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Pap Ndiaye, ministre :

Le nombre de décrocheurs scolaires, même s'il est passé de 140 000 il y a quelques années à 95 000 aujourd'hui, est encore trop élevé. Le PLF pour 2023 prévoit des crédits, à hauteur de 59,8 millions, en faveur de la lutte contre le décrochage. En augmentation, ils permettront de financer les dispositifs de retour à l'école, une plateforme en ligne « nouvelle chance », et des plateformes spécifiques d'appui et de suivi. Nous comptons aussi sur les associations pour repérer et diriger les décrocheurs.

Nos objectifs, en matière d'apprentissage, sont ambitieux. Nous visons le recrutement de 1 200 apprentis et de 6 600 apprentis en préprofessionnalisation – en hausse de 17 % – au sein du ministère, dans les bibliothèques et dans les métiers administratifs et techniques de l'éducation nationale.

Je le répète, l'enseignement général sera préservé dans les lycées professionnels. Nous pouvons faire mieux dans ce domaine. La question du choix de la filière doit être posée. Une filière utile doit assurer une professionnalisation qui corresponde aux besoins du marché, au sens large du terme. De ce point de vue, des filières d'excellence cohabitent avec des filières qui ne correspondent plus aux évolutions de l'économie. Le choix des filières doit donc aussi être déterminé par leur pertinence par rapport à l'objectif d'emploi.

Je confirme l'existence d'un groupe de travail sur l'affectation des néotitulaires ultramarins. Je me suis entretenu à ce propos avec le président de la conférence des régions ultrapériphériques, Serge Letchimy, et nous sommes convenus d'aboutir en mai à une solution convenable. Je ne promets pas des merveilles, mais nous allons faire au mieux – avec vous, monsieur le député, si vous souhaitez participer.

J'ai eu l'occasion de le dire à propos des académies de La Réunion et de Martinique, la carte de l'éducation prioritaire a en partie vieilli, puisque sa dernière mouture remonte à 2015. Elle ne prend pas en compte des évolutions sociologiques importantes et la répartition géographique des élèves et des familles. Nous devons procéder aux ajustements nécessaires, que ce soit dans l'Hexagone ou outre-mer.

Le port de l'uniforme existe dans certaines académies, notamment outre-mer et les élèves s'en portent très bien. Il n'y a ni interdiction ni consigne : un chef d'établissement peut décider de l'imposer. Un groupe de travail pourrait se pencher sur le sujet, mais il lui faudra avancer avec des éléments tangibles. Une étude britannique, mise en valeur par le conseil scientifique de l'éducation nationale, porte sur cette question et se conclut de façon nuancée. Le port de l'uniforme n'a pas d'effet sur le niveau scolaire, mais sur le sentiment d'appartenance à l'établissement. Je ne ferme pas la discussion.

Nous avons effectivement publié toutes les données IPS en open data, conformément à une demande du tribunal administratif. Plutôt que de les distiller, nous avons décidé de les publier intégralement. J'ai indiqué, dans l'entretien au Monde, que l'on pourrait attendre davantage de la part de l'enseignement privé sous contrat, dont les enseignants sont financés par l'État. J'ai eu, depuis, la satisfaction de recevoir des retours de la part de chefs de ces établissements, qui sont disposés à échanger sur le sujet. Plusieurs pistes existent. Je ne veux pas trop m'avancer, mais il est clair que l'enseignement privé sous contrat ne peut rester en dehors de la mixité scolaire, à laquelle nous sommes attachés.

Concernant l'inclusion à l'école, les situations sont très variées. Certains enfants ont besoin d'un AESH tout le temps, d'autres non. Personne, parmi les associations de parents que nous avons rencontrées, ne revendique un AESH par enfant en situation de handicap ou à besoins particuliers ; sinon, il faudrait en recruter 300 000, soit, avec les 130 000 déjà présents, un AESH pour deux enseignants…

Mais je suis d'accord avec vous : il faut améliorer la situation des AESH. Nous y travaillons, c'est une tâche très difficile car nous ne sommes pas les seuls opérateurs en la matière, les MDPH jouant un rôle important. Il faut également trouver et former ces AESH – et 4 000 nouveaux postes, ce n'est pas rien. Nous puisons encore dans une petite réserve nationale, en particulier pour les situations les plus difficiles. Je suis bien conscient de la difficulté des situations rencontrées, mais nous avons parfois le sentiment de courir après la marée. Les représentants des MDPH pensent, comme moi, qu'il faut varier les réponses. Proposer qu'un AESH suive plusieurs enfants à besoins particuliers peut s'avérer une bonne solution. Il faut prendre en compte la diversité des situations, écouter les associations, et mettre les choses à plat plutôt que de créer encore des postes.

Le pourcentage d'élèves germanistes décroît mais ce n'est pas spectaculaire puisque nous sommes à 14,8 % en 2021 contre 15,7 % en 2019. Nous préparons une nouvelle stratégie avec l'Allemagne car on y observe des difficultés équivalentes pour la langue française. Un séminaire aura lieu bientôt pour échanger à ce sujet et redynamiser ces apprentissages. Il ne s'agit pas seulement d'une question de postes, il faut favoriser les échanges avec des classes et des villes allemandes, renforcer l'attractivité du métier et des dispositifs bilangues.

La situation est plus difficile encore pour le recrutement de professeurs d'allemand, parce qu'il y a eu un effet malthusien, avec une baisse des élèves germanistes et une baisse des postes aux concours de recrutement. Le vivier s'est tari au fil des années et désormais, les rendements des concours du Capes et de l'agrégation sont mauvais, le nombre de postes dépassant celui des professeurs recrutés.

J'en profite pour rappeler que le plus souvent, les enseignements ne sont pas assurés en raison de difficultés de blocs de moyens provisoires (BMP). Ce ne sont pas des ETP qui manquent, mais plutôt des blocs d'heures, qui sont des cases très difficiles à remplir. Je suis bien conscient que pour les familles et les élèves, lorsqu'il manque quatre heures d'économie gestion, ou deux heures de portugais, cela représente un vrai problème. Mais cela ne signifie pas qu'il manque un poste. Certains ETP sont répartis entre plusieurs établissements, ce qui pose des difficultés lorsque ceux-ci sont très éloignés les uns des autres.

Je vous remercie pour ces échanges, qui sont toujours importants et intéressants.

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