Intervention de Aurélien Saintoul

Réunion du jeudi 20 octobre 2022 à 9h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurélien Saintoul :

Le budget proposé est effectivement en hausse, ce que nous saluons. Néanmoins, il faut en indiquer les limites.

Il ne compense pas l'inflation et ne respecte pas la marche de 3 milliards d'euros, ce qui aura un effet tant sur la préparation opérationnelle que sur le niveau de vie de tous les personnels. Je veux d'ailleurs signaler le malaise unanimement exprimé par les personnels civils du ministère des armées durant les auditions.

Il ne permet pas non plus de boucher les trous capacitaires identifiés, notamment dans la marine, depuis plusieurs années. Tout ne devrait pas être renvoyé à la future LPM. Les besoins en munitions identifiés avant même la guerre en Ukraine ne seront pas tous satisfaits. De même, le montant alloué aux fonds marins – 3,5 millions d'euros – est d'ores et déjà insuffisant. La protection du deuxième territoire maritime du monde nécessite davantage.

Comme les précédents, ce budget manque nettement d'ambition s'agissant de la préparation et de l'adaptation au changement climatique et à la raréfaction des ressources.

Cette année encore, nous sommes dans le flou concernant le service national universel. Quels seront son format, son but, ses objectifs, ses moyens et l'implication des armées ? Encore une fois, ce sujet important est renvoyé à la LPM alors qu'on en parle comme d'un levier pour massifier nos forces.

Les programmes les plus « dimensionnants » ont été décidés ces dernières années sans que la représentation nationale soit pleinement éclairée sur les arbitrages de l'exécutif. Les programmes franco-allemands SCAF (système de combat aérien du futur), MGCS ( main ground combat system ) et Eurodrone sont présentés comme incontournables alors même qu'un sommet franco-allemand vient d'être annulé en raison du dissensus qui existe entre les deux pays. Pour notre part, nous ne pensons pas que ces projets soient incontournables sous ce format. De même, faut-il vraiment se résoudre à ce que le prochain porte-avions soit équipé de brins d'arrêt états-uniens, ce qui constitue quand même une réserve énorme quant à sa capacité d'agir de manière autonome ?

Bref, beaucoup reste à faire. Le débat sur la LPM sera dense.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion