Intervention de Luc Rémont

Réunion du mercredi 26 octobre 2022 à 11h00
Commission des affaires économiques

Luc Rémont :

Par l'importance de sa mission et grâce aux succès qui ont émaillé son histoire, EDF est une fierté nationale, dont nos concitoyens attendent légitimement beaucoup. Des générations de femmes et d'hommes ont façonné cette entreprise et peuvent être fières de leur contribution au développement de notre pays depuis 1946. C'est convaincu du rôle essentiel et stratégique qu'EDF aura à jouer dans les prochaines décennies, mais aussi de l'ampleur de la responsabilité de diriger cette entreprise unique, que je me présente devant vous.

Puisque votre commission va devoir se prononcer quant à ma capacité à assurer les fonctions de président-directeur général d'EDF, je dois surmonter ma réticence naturelle à parler de moi pour vous faire part de mes motivations. La première est que je vois moins ce rôle comme une fonction que comme une mission. La transition énergétique, le prix de l'électricité, le nucléaire, les énergies renouvelables (ENR), les réseaux, l'avenir même d'EDF, tout requiert, dans les temps de crise que nous traversons, la mobilisation de tout le monde. Et la mienne, évidemment. Je suis certain, en cela, d'être aligné avec l'esprit de mobilisation du personnel de l'entreprise.

La deuxième est plus personnelle : si je suis prêt à m'engager dans cette mission difficile, c'est parce que j'y trouve l'occasion de mener à leur aboutissement des idéaux qui m'habitent depuis ma jeunesse. Ils m'ont conduit, je crois, à servir l'intérêt général dans tous les postes que j'ai occupés, y compris dans le secteur privé. Ces idéaux me font considérer EDF comme une sorte de mission parmi les missions. C'est peut-être même celle d'une vie pour un homme qui a voulu devenir ingénieur et qui, pour servir l'industrie française, a suivi des études et passé des concours républicains. Un homme pour qui vient le moment de rendre au pays, en tout cas d'essayer de le faire, tout ce que le pays a pu lui donner, en tant que jeune Français parmi d'autres, élevé dans les valeurs du mérite et du travail.

Je suis donc ingénieur de formation. Je n'ai jamais cessé d'apprendre, tout au long d'une vie de travail de bientôt trente années, qui m'a conduit pour moitié au service de l'État, pour moitié au service d'entreprises. Deux passions sous-tendent mon expérience professionnelle : le développement de l'industrie française et le monde de l'énergie.

Au cours de mes années au service de l'État, j'ai participé au développement d'une filière technologique complexe appliquée au monde spatial, au sein de la direction générale de l'armement (DGA). Au Trésor, j'ai pris part aux grands projets d'infrastructure avec les banques de développement. J'ai participé aux négociations du protocole de Kyoto sur le changement climatique, ainsi qu'à la mise en sûreté des centrales nucléaires de l'ancien bloc de l'Est, au milieu et à la fin des années 1990.

Au début des années 2000, au sein du ministère des finances, j'ai soutenu le développement et la transformation des entreprises dont l'État était actionnaire, alors que le cadre européen évoluait très vite, notamment pour les entreprises de service public. C'est au cours de cette période que j'ai vécu nombre de négociations communautaires et que je me suis intéressé dans le détail au secteur de l'énergie, alors qu'il vivait une de ses premières mutations à l'échelle européenne. Il en a connu bien d'autres depuis.

J'ai souhaité, par la suite, apprendre davantage en exerçant une activité professionnelle dans le monde de l'entreprise. J'ai commencé dans le secteur financier, au moment de la crise de 2008. J'y ai appris la conduite d'une activité en crise, alors que le monde de la finance s'écroulait, et l'importance de rester proche de ses clients en toute circonstance. J'ai continué d'enrichir ma connaissance de l'industrie française et internationale, en accompagnant le développement stratégique et le financement de nombreux groupes.

Enfin, depuis bientôt neuf ans, c'est avec beaucoup de bonheur que je sers le groupe Schneider Electric, un autre fleuron de notre industrie. Ce leader technologique mondial est engagé dans la décarbonation de la planète, grâce à l'électrification de nos usages et à l'utilisation des technologies numériques, pour améliorer l'efficacité énergétique et opérationnelle de tout type d'infrastructure.

Je dirige, depuis bientôt six ans, l'activité du groupe dans une soixantaine de pays, principalement émergents, qui représentent environ un quart de son chiffre d'affaires, grâce à une présence opérationnelle industrielle et humaine forte. Mon activité m'amène à diriger des équipes pluridisciplinaires, de cultures très différentes, et à développer leurs compétences au service de nos clients, de notre technologie et de notre capacité industrielle. Elle m'a conduit à travailler avec la plupart des opérateurs d'électricité locaux, pour leur modernisation technique et leur numérisation, et à faire avec l'évolution de marchés de l'électricité très différents.

Enfin, au cours de cette période, j'ai également été membre, pendant cinq ans, du conseil d'administration de Naval Group, à la demande de l'État. J'ai pu suivre de près, en tant que président du comité d'audit de cette entreprise, la construction des sous-marins d'attaque Barracuda, seul programme français actuel de fabrication en série de chaufferies nucléaires.

C'est nourri de toutes ces expériences diversifiées, et conscient qu'il me faut encore beaucoup apprendre, que j'aborde cette nouvelle phase de ma vie professionnelle. Au-delà des compétences que j'ai accumulées, j'ai conscience que la réussite de la mission suppose d'abord de mobiliser toute l'entreprise et l'ensemble de ses parties prenantes autour d'un projet d'avenir pour l'électricité dans lequel EDF jouera pleinement son rôle. J'y trouve une très grande motivation et je voudrais partager avec vous quelques idées, qui ne sont à ce stade que celles d'un observateur extérieur à l'entreprise, sur la façon dont je perçois les priorités stratégiques d'EDF.

Nous nous trouvons dans un contexte critique à court terme, qui rappelle le rôle essentiel joué par l'énergie, en particulier par l'électricité, dans nos sociétés. Alors que l'Europe a bénéficié d'une très grande sécurité énergétique pendant plusieurs décennies, l'énergie est devenue une arme, dont use la Russie pour affaiblir nos sociétés et tenter de diviser l'Union européenne. Avant même de parler de prix de l'énergie, c'est de notre capacité à disposer de suffisamment d'énergie pour répondre à nos besoins dont il est question, avec l'arrêt de l'approvisionnement de l'Europe en gaz russe.

Malheureusement, EDF traverse elle-même une crise sérieuse, d'ordre technique et industriel, qui accentue la tension sur l'offre d'énergie. Ainsi, le phénomène inattendu de corrosion sous contrainte, sur certains réacteurs, est venu aggraver la baisse de production nucléaire observée depuis plusieurs années, sous l'effet de l'âge du parc et des nécessités de maintenance.

Je n'ai pas une connaissance suffisante du phénomène pour vous livrer un diagnostic ; je constate que l'entreprise, en liaison avec l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a appliqué d'emblée des mesures mettant la sûreté au premier plan, ce qui est une condition essentielle de la confiance entre EDF et la Nation. Je n'ai aucun doute quant à la mobilisation totale de l'entreprise pour mettre en œuvre les solutions adaptées dans les meilleurs délais, et pour permettre la reprise de production en toute sûreté.

J'ai été confronté plusieurs fois à des difficultés de production, soit au sein de Schneider Electric, soit chez nos clients, chez qui nous opérons des dispositifs de conduite de processus industriels ou de sûreté. Je me consacrerai dès les premières heures de mon mandat, avec les équipes d'EDF et avec les partenaires de la filière concernés, à tenir les engagements de l'entreprise pour reprendre la production des réacteurs aujourd'hui à l'arrêt.

Au-delà de la production électrique nucléaire, la tension énergétique liée au gaz et à l'hydroélectricité dans toute l'Europe – où l'été a été particulièrement sec – nous impose de préparer collectivement l'hiver, en réduisant notre consommation. La sobriété et l'efficacité énergétique sont nécessaires et je soutiens totalement les initiatives permettant à chacun d'agir en citoyen. Cet effort collectif est indispensable pour alléger la demande et diminuer les risques de délestage, cet hiver et les suivants.

Le prix de l'électricité est la résultante de toutes ces tensions sur le gaz, le nucléaire et l'hydraulique, à l'échelle européenne. À court terme, les clients français bénéficient d'une meilleure protection que leurs voisins européens : le prix de l'électricité en Europe est en moyenne deux fois plus élevé qu'en France. Il existe cependant des situations difficiles et je n'en suis pas satisfait. Je travaillerai avec les clients d'EDF et avec le Gouvernement pour trouver des solutions adaptées, chaque fois que c'est possible.

Comme vous l'avez souligné, madame la rapporteure, la situation financière d'EDF se tend sous l'effet conjugué de la baisse de la production et des mesures de régulation destinées à limiter les hausses de prix de l'électricité. C'est une situation qui nécessite vigilance et action à court terme, pour ne pas devoir réduire les investissements et compromettre l'avenir. Elle devrait s'améliorer sous l'effet de la reprise de l'activité du parc nucléaire. Elle nécessite cependant de trouver impérativement un équilibre et une visibilité de long terme de la régulation, qui permette de nous engager dans un nouveau cycle d'investissement, devenu indispensable. Voilà pour les exigences de court terme.

S'agissant des perspectives à moyen et long terme, tous les experts internationaux confirment le rôle grandissant de l'électricité décarbonée, dont tous les types de production – nucléaire, hydraulique, éolien, solaire thermique –, de stockage et de distribution (smartgrid) devront être mobilisés. J'ai pu constater, dans le cadre de mes fonctions actuelles, que c'est un mouvement mondial qui nécessite une intelligence de système, de la production au client, en passant par les réseaux.

Je suis convaincu que nous sommes au début d'une nouvelle révolution industrielle, fondée sur l'électricité et le numérique, et que l'électricité est essentielle pour que la France puisse satisfaire son ambition de neutralité carbone en 2050.

EDF a vécu une mue profonde au cours des dernières années. Hier, grand service public de l'électricité gérant la production, les réseaux et la commercialisation à tarif unique, le groupe s'est transformé, en deux décennies, en un acteur de marché européen concurrentiel, producteur d'électricité nucléaire et renouvelable, qui développe et construit des installations de production d'électricité décarbonée, en France et dans le monde. Son offre commerciale s'est considérablement diversifiée pour satisfaire aux attentes du marché. Ses réseaux se sont adaptés à la décentralisation et à la numérisation. EDF est devenu un grand énergéticien mondial, bien placé pour jouer un rôle de premier plan dans le nouveau monde électrique.

De ce que j'ai pu observer chez de nombreux opérateurs électriques, le succès repose sur leur capacité à développer de façon optimale trois piliers d'activité, qui participent à un système d'ensemble : des solutions permettant aux clients d'optimiser leur consommation d'énergie ; une production compétitive et résiliente de diverses sources d'électricité ; des réseaux capables d'assurer la fourniture et l'équilibre, partout et à tout moment.

Sans le premier de ces piliers, que l'on peut résumer aux clients, aucune entreprise n'existerait. C'est particulièrement vrai pour EDF, dont le rôle est primordial dans la satisfaction des besoins collectifs. Les difficultés de court terme relatives au prix de l'électricité doivent conduire à accélérer les solutions qui permettent à ses clients – entreprises, particuliers et collectivités – de mieux gérer leur consommation d'énergie. On observe une accélération massive des raccordements d'autoconsommation en France, qui rattrape ainsi son retard par rapport à d'autres pays.

EDF doit continuer d'accompagner la transition énergétique de ses clients. Les entreprises et les collectivités, pour leurs installations industrielles et tertiaires ou pour développer des outils intelligents qui les aident à piloter leur consommation. Les particuliers également, qui souhaitent réduire leur consommation, électrifier leur véhicule, installer une pompe à chaleur ou devenir autoconsommateurs. Ces évolutions, ainsi que le développement de capacités de stockage, introduiront davantage de flexibilité dans le système électrique, qui en a grandement besoin. Elles permettront aussi d'accompagner l'électrification des usages, en limitant les volumes d'investissement en moyens de production centralisés. Apporter ces solutions innovantes à tous ses clients doit être la priorité d'EDF.

S'agissant de la production électrique, nous sommes à la croisée des chemins. Les scénarios de production et d'investissement d'ici à 2050 publiés par Réseau de transport d'électricité (RTE), offrent une perspective très éclairante sur l'avenir. Sans entrer dans le détail de ces analyses, j'en retire qu'il convient d'engager sans attendre un plan d'investissement élevé, qui couvre l'ensemble des domaines de production.

Le nucléaire, d'abord, car il n'y a pas de stratégie bas-carbone possible sans production nucléaire. Cette conviction, qui est celle de la France depuis de nombreuses années, est aujourd'hui partagée par de plus en plus de pays, qui arrivent à la conclusion que le nucléaire est la seule technologie fournissant de l'électricité de base non carbonée. Nous avons la chance que nos anciens aient réussi, en moins de vingt ans, à la fois à développer une filière industrielle et à déployer cinquante-huit réacteurs. Cette prouesse inouïe nous permet de bénéficier depuis d'une électricité compétitive, abondante et décarbonée. Entretenir ce parc et prolonger sa durée de vie est la priorité d'investissement d'EDF, avec le programme du grand carénage.

Mais il nous faut également penser au-delà de la prolongation des centrales actuelles, lorsque nous aurons besoin de les remplacer. C'est la raison pour laquelle le nouveau programme nucléaire français doit être rapidement lancé, pour que nous puissions demain disposer d'une électricité de base suffisante. C'est le cap qu'a fixé le Président de la République dans son discours de Belfort.

Réaliser ce programme est d'abord un défi humain. Je suis convaincu que disposer des compétences les plus pointues dans l'ensemble de la filière nucléaire est crucial, que ce soit pour relever le niveau de la production ou pour sécuriser le grand programme industriel qui s'annonce, avec la construction de nouveaux réacteurs nucléaires en France.

J'ai, bien sûr, conscience du rôle singulier d'EDF à la tête de la filière nucléaire, qu'elle recompose activement avec l'intégration de Framatome en 2018 et, demain sans doute, avec celle des activités nucléaires de General Electric. Il nous faudra structurer et amplifier le travail mené depuis quelques années pour attirer les talents. J'aurai à cœur de garantir un accès durable aux compétences nécessaires pour relever le grand défi qui se présente à la filière nucléaire.

EDF, c'est aussi l'énergie l'hydraulique. Nous devrons trouver un chemin pour développer cette énergie renouvelable. L'eau est avant tout vitale, mais c'est aussi une ressource aux usages multiples – énergie, agriculture, tourisme –, dont nous devons exploiter tout le potentiel. Le rôle d'EDF, notamment auprès des collectivités, est de conjuguer la production hydroélectrique durable et les autres usages, tout en préservant la biodiversité. Si les projets d'investissement d'EDF dans l'hydraulique ne se réalisent pas, c'est parce qu'il n'existe pas de cadre de long terme pour cette activité. Des discussions sont en cours pour fournir un tel cadre à EDF et je m'attacherai à ce qu'elles aboutissent, pour permettre de relancer ce secteur.

Les ENR sont une autre composante essentielle d'une production diversifiée d'électricité. EDF s'est largement engagée dans leur développement avec des partenaires financiers, ce qui lui permet de partager les besoins d'investissement. En France, cela lui a permis d'être leader de l'éolien terrestre, leader de l'éolien maritime et de figurer sur le podium pour ce qui est du solaire. Il faut néanmoins accélérer, car EDF ne restera performante en France que si elle reste un grand acteur mondial. C'est la condition sine qua non pour avoir la taille critique et bénéficier des effets d'échelle, pour partager la charge des investissements avec des investisseurs financiers et limiter ainsi le recours aux ressources de l'entreprise.

Enfin, le réseau est un élément essentiel du service public d'EDF. Sa filiale Enedis est l'acteur de terrain le plus proche de toutes les collectivités. Les réseaux de transport et de distribution sont eux-mêmes en pleine mutation pour faciliter la transition énergétique, alors que l'importance grandissante de l'électricité dans notre quotidien suscite une très grande exigence de qualité.

Le métier de la distribution électrique accompagne aussi les changements profonds associés à la production décentralisée. La flexibilité accrue de l'offre et de la demande d'électricité locale change profondément la nature du métier de gestionnaire de réseau et nécessite des investissements importants, en raccordement et en systèmes numériques. D'unidirectionnel, avec un seul producteur apportant l'électricité aux consommateurs, le réseau devient de plus en plus bidirectionnel ; il doit mailler le territoire et permettre la flexibilité et l'échange d'électricité entre producteurs multiples et consommateurs. C'est un grand défi technique, qui exige des investissements importants. Cette dimension essentielle du service public est une priorité pour EDF, qui entend soutenir ces transformations, dans le respect de la gouvernance spécifique au réseau et dans un cadre de régulation adapté.

Répondre à tous ces enjeux stratégiques ne sera possible que si nous réformons profondément nos règles de marché, en France et dans l'Union européenne (UE). La crise énergétique actuelle met en lumière un certain nombre de faiblesses de ces règles. Les gouvernements des pays membres de l'UE ont adopté des mesures d'urgence pour faire face aux défis les plus immédiats et pour protéger les consommateurs des hausses exorbitantes du prix de gros. Ils ont agi, par exemple, sur le gaz électrogène et sur les prix de production d'électricité.

Au-delà de ces mesures, il est nécessaire de réfléchir et d'agir sur le cadre de marché européen, pour compenser les défaillances et les faiblesses révélées par cette crise. Ainsi, si ce cadre est propice à la flexibilité à court terme, mais il ne permet pas d'anticiper les évolutions à long terme. De même, il faut revoir le mécanisme, lourd de conséquences, qui fait dépendre le prix de l'électricité de celui du gaz. Enfin, nous prenons insuffisamment en compte les besoins de flexibilité du marché, notamment au travers de contrats de long terme ou de capacité de pilotage de la demande. Les autorités européennes ont d'ailleurs récemment engagé un travail de réflexion pour revoir ce cadre de marché.

Si EDF doit pouvoir nourrir cette réflexion en apportant ses propres idées et expertises, elle doit aussi gérer les problèmes qui lui sont propres, l'Arenh en particulier. Ce mécanisme a été conçu à l'origine, en 2010, pour protéger les clients de prix de marché trop élevés, protection qui continue d'opérer en 2022. Mais il avait aussi pour objectif de permettre l'émergence de la concurrence, en favorisant l'investissement. Or l'Arenh n'a déclenché aucun investissement, tout en affaiblissant les capacités financières d'EDF. Son échéance étant fixée à 2025, je m'attacherai à sécuriser l'indispensable trajectoire d'investissement d'EDF en France auprès de l'État et de la Commission européenne.

Pour ce qui est de la préparation de l'avenir, je suis convaincu, en tant qu'ingénieur, que l'évolution technologique va continuer de nous apporter des solutions nouvelles. C'est naturellement le rôle de la recherche et développement d'EDF d'être à la pointe sur ces sujets. C'est aussi la raison d'une présence forte à l'international, qui permet à l'entreprise d'évoluer dans des environnements différents.

Sur tous ces aspects stratégiques, j'engagerai un travail en profondeur, avec les équipes d'EDF, dès les premiers mois, afin de proposer une feuille de route d'ici au printemps 2023.

Je voudrais, enfin, partager avec vous quelques convictions fortes, qui guident mon action en tant que dirigeant d'entreprise.

Je crois que la satisfaction des clients est le premier objectif d'une entreprise. Je crois que la réussite de l'entreprise n'est possible que par l'engagement et le développement des compétences et des talents des personnes qui la composent ; que la diversité des origines des savoirs et la mixité sont indispensables à la réussite d'une équipe ; que le dialogue entre les parties prenantes de l'entreprise et le dialogue social créent la confiance nécessaire au progrès. Je crois que la concurrence et la compétition sont bénéfiques à l'entreprise, en la poussant à faire mieux sans cesse ; que la culture de l'engagement et de la performance est indispensable à la réussite du projet d'entreprise ; que la responsabilité sociale d'entreprise est un engagement, pas une contrainte. Je crois qu'il est possible de concilier la préservation de la planète, le développement et le bien-être et que l'électricité décarbonée est un atout majeur de progrès et d'industrialisation.

EDF n'est pas une entreprise comme les autres. Elle est dépositaire du modèle du service public et est animée par l'intérêt général. L'entreprise doit relever en même temps de nombreux défis. Au-delà de ceux du moment, je pense qu'elle est en mesure de renouer avec l'exemplarité et l'excellence industrielle et de jouer un rôle majeur dans « l'avenir électrique ».

L'actionnariat d'EDF est appelé à évoluer dans le cadre du projet de l'État de détenir 100 % du capital, en tant qu'actionnaire de long terme. En plein accord avec l'État actionnaire, EDF restera gérée comme une entreprise industrielle, avec son intérêt social et sa personnalité morale propre.

Je souhaite aborder cette mission en bâtissant une vision d'avenir et une relation confiante avec les pouvoirs publics, pour réussir à relever les défis d'ampleur nationale qui sont devant nous. EDF ne peut réussir à servir le pays qu'avec cette relation de confiance. Je m'attacherai à ce qu'elle soit nourrie de contacts réguliers avec votre commission et avec l'ensemble des élus dans les territoires.

Je conclus en redisant à Mme la rapporteure ma vision de l'organisation d'EDF. Elle est celle du projet industriel d'EDF, qui repose sur les trois piliers auxquels j'ai fait référence : production diversifiée, solutions pour les clients et réseaux, de proximité notamment.

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