Intervention de André Chassaigne

Réunion du 15 février 2017 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Mon intervention portera plus spécifiquement sur la restructuration de la branche chimie de Sanofi, car l'aspect industriel est au coeur de notre discussion dans cette commission des affaires économiques.

Quatre sites de la branche chimie de Sanofi produisent des principes actifs qui entrent dans la fabrication de médicaments du groupe – un marché dit captif – ou qui sont vendus à d'autres laboratoires – une activité dite pour clients tiers. Il s'agit des sites d'Aramon, de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, de Sisteron et de Vertolaye. Comme vous le savez, Monsieur Philippe Luscan, ce dernier site se trouve dans la circonscription que je représente dans ces murs. C'est le poumon de tout un territoire autour de la vallée de la Dore.

Lors des échanges que nous avons eus avec elle, l'intersyndicale nous a alertés sur le projet de la direction qui consisterait à sectionner en deux activités la branche chimie de Sanofi pour ensuite se désengager de l'activité pour clients tiers, qui constituerait une entité juridique distincte et serait cédée en 2017. Or vous venez de nous dire pudiquement que vous réfléchissez au développement d'activités de partenariat. Qu'en termes élégants ces choses-là sont dites ! Nous attendons que vous soyez plus précis. Au-delà des questions qui se posent sur l'équilibre industriel du groupe, cette restructuration impactera directement les sites de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et de Vertolaye. Sur ces deux sites, l'activité pour clients tiers est en effet prédominante tout en étant fortement imbriquée avec la production de médicaments pour le marché captif.

L'équilibre économique de ces sites est fortement lié à l'existence des deux activités : la production captive concerne de plus faibles volumes mais elle est généralement plus rentable que la production pour les tiers ; cette dernière assure des volumes importants qui permettent d'amortir le coût des sites. Comment un site comme Vertolaye pourrait-il être viable si la production pour tiers devait quitter le site ?

Permettez-moi de faire un constat sévère et amer : votre modèle de développement stratégique de production de médicaments ne répond plus à l'intérêt général. Vous êtes désormais motivés par les résultats financiers du groupe et les taux de marges, impliquant l'abandon des activités les moins rentables. C'est cette financiarisation de plus en plus importante qui vous conduit à disloquer le modèle intégré qui était celui du groupe Sanofi. Faut-il rappeler quelques chiffres ? Sanofi a annoncé pour 2017 quelque 3,5 milliards d'euros de rachats-annulations d'actions et la distribution de 3,7 milliards d'euros de dividendes.

J'en viens à ma question. Si l'activité pour clients tiers est cédée, comme vous l'envisagez, semble-t-il, pouvez-vous nous dire quelles sont les garanties que vous apportez en termes de pérennité de l'activité et de préservation de l'emploi pour les deux sites de production de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et Vertolaye ?

On a connu un cas similaire : le site de Porcheville, cédé à Covance, qui a fermé après les cinq années d'activité garanties contractuellement par Sanofi au moment de la vente. Cinq ans après sa reprise, le site a été totalement fermé. Aussi, chacun peut comprendre la terrible angoisse des salariés du site de Vertolaye et de la population du territoire.

Pour conclure mon propos, je ferai une allusion historique. Si l'implantation de Roussel Uclaf à Vertolaye durant la Seconde Guerre mondiale a été une chance inouïe pour ce territoire rural, les choix financiers de Sanofi seront-ils le fossoyeur de cette implantation ?

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