Intervention de Joël Aviragnet

Séance en hémicycle du mardi 28 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoël Aviragnet :

Je voudrais, chers collègues, vous inviter à prendre un peu de recul par rapport à ce que nous sommes en train de faire. Posons-nous les questions suivantes : que retiendra-t-on de ce projet de loi ? quelles mesures de ce texte marqueront nos concitoyens ?

Instinctivement, je pense à la suppression du tiers payant généralisé. Pour la Confédération des syndicats médicaux français, c'est une victoire, mais tous les professionnels de santé ne sont pas sur la même position, fort heureusement. Le syndicat des jeunes généralistes ReAGJIR rappelle ainsi dans un communiqué avoir pris position dès 2013 en faveur du tiers payant intégral. Idem pour le Syndicat de la médecine générale, dont les adhérents défendent la suppression du ticket modérateur, en affirmant que cela permettrait un remboursement des soins à 100 % par la Sécurité sociale, seul système solidaire.

Alors, madame la ministre, je me demande qui sont les grands perdants de la suppression du tiers payant généralisé. Ce sont les gens qui renoncent aux soins faute de moyens, parce qu'ils ne peuvent pas avancer les frais de santé ; ils préfèrent attendre que ça passe.

J'en reviens donc à ma question initiale : qu'est-ce que les Français vont retenir de ce PLFSS ? Incontestablement, ils vont retenir que le Gouvernement augmente la CSG de 1,7 % pour tout le monde afin de compenser la suppression des cotisations sociales. Pour dire les choses simplement : les cotisations sociales, qui étaient payées par les travailleurs et prélevées en fonction de leur salaire pour financer leur retraite, leur assurance maladie et leur assurance chômage, vont être supprimées ; elles seront remplacées par une taxe, la CSG, payée par tous les Français, qu'ils soient retraités, invalides, actifs ou en recherche d'emploi. C'est une situation ubuesque, absurde, qui conduira à ce que les retraités cotisent pour une assurance chômage qu'ils ne pourront par définition plus jamais percevoir.

Les Français retiendront que ce texte est un cheval de Troie. Après tout, comme vous le disiez maladroitement, madame la ministre, vous n'êtes pas là pour offrir à tout le monde des montures Chanel ou des verres antireflets qui filtrent la lumière bleue.

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