Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Réunion du mardi 30 mars 2021 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges, président :

Madame la ministre, nous sommes heureux de vous accueillir dans votre foyer originel, celui du Parlement, pour échanger sur des sujets que vous avez toujours suivis avec le plus grand intérêt. On dit parfois que l'on nomme à des portefeuilles ministériels des personnes compétentes dans d'autres disciplines ; dans votre cas, c'est l'inverse. Votre action parlementaire fut au service des grands enjeux écologiques, en particulier de la biodiversité ; désormais, au sein du Gouvernement, vous êtes chargée de mettre en œuvre cette politique. Nous sommes très heureux de vous voir assumer cette tâche, de vous auditionner aujourd'hui et de retrouver le lien qui nous unit.

Nous vous accueillons au bon moment. La question de la diversité biologique est au cœur de nos travaux. Nous l'avons abordée dans le cadre du rapport d'information de MM. Mélenchon et Son-Forget « Mers et océans : quelle stratégie pour la France ? » et dans les travaux annuels de notre collègue M. Mbaye, rapporteur pour avis de la commission sur la mission « Écologie, développement et mobilité durables ». En outre, Mmes Cazebonne et Tabarot travaillent actuellement sur la protection des espèces sauvages menacées ; leurs conclusions devraient nous être présentées en juin. Enfin, nous avons auditionné les experts de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), qui nous ont présenté les résultats très alarmants de leur évaluation mondiale pour 2019. Madame la ministre, les membres de la commission sont donc très sensibles aux questions qui relèvent de votre secrétariat d'État. L'effondrement en cours de la biodiversité est sans précédent. Les chiffres, tout à fait accablants, nous interpellent, et les milieux scientifiques reconnaissent unanimement leur fiabilité.

Cette année est riche en réunions. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui établit la liste rouge des espèces menacées, se réunira en septembre à Marseille. La quinzième réunion de la Conférence des parties (COP15) à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) se tiendra en Chine, et la vingt-sixième réunion de la Conférence des parties (COP26) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Glasgow. Outre la loi en cours de discussion devant le Parlement, la sensibilisation est très importante et le moment crucial. Je ne vais pas citer des chiffres alarmistes, mais la destruction des espèces est absolument massive par rapport aux taux habituels.

Tout d'abord, le problème de la stratégie est frappant. Nous voyons bien l'indignation, nous voyons bien l'émotion, nous voyons bien les efforts tentés ici et là, notamment par nos soins. Cependant, notre commission s'intéresse au système de la communauté internationale et à son fonctionnement face à un certain nombre d'enjeux et de défis. Quelle stratégie permettrait d'obtenir enfin de vrais résultats ? Seuls quatre objectifs d'Aichi sur vingt ont été atteints, et encore partiellement ; la politique de changement que nous avions imaginée est souvent restée lettre morte ; le plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique n'a pas véritablement tenu ses promesses. Nous avons grand besoin d'éclaircissements sur la stratégie que nous sommes susceptibles de mettre en œuvre sur les plans national, européen et mondial, par le biais onusien ou de manière bilatérale.

Notre deuxième préoccupation concerne un aspect très politique et policier, à savoir le développement du trafic illégal d'espèces menacées. Absolument massif, il constitue le quatrième trafic illégal le plus rémunérateur. C'est prodigieux ! La corne de rhinocéros est deux fois plus chère que la cocaïne ! Cette situation, aux implications économiques très importantes, exige des mesures de type régalien.

Notre troisième préoccupation est l'enjeu environnemental, hors duquel nous ne pouvons pas inscrire notre stratégie. Comment concevez-vous l'action du Gouvernement pour la préservation de la biodiversité dans une optique environnementale beaucoup plus large ?

Madame la ministre, nous sommes passionnément désireux d'entendre votre diagnostic et d'examiner vos perspectives. Le dossier dont vous êtes chargée est, cette année, au cœur des préoccupations mondiales.

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