Intervention de André Chassaigne

Réunion du mercredi 16 septembre 2020 à 9h35
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Je vais partir du sujet abordé par Thomas Gassilloud, qui apparaît aussi dans les autres interventions : l'importance des petits équipements. Je me suis replongé dans L'Armée nouvelle de Jean Jaurès. On peut évidemment dire que ce n'est pas d'actualité, notamment depuis la suppression de la conscription. Mais il contient des propos très intéressants. Je souhaite vous lire un petit passage qui dit beaucoup de choses sur le caractère multiple qui peut accompagner les combats. Il écrivait ceci en 1910, dans un texte présenté à l'Assemblée nationale : « Le succès ou l'insuccès d'une campagne dépend à la fois d'innombrables forces intellectuelles et morales, et d'innombrables forces matérielles. Le terrain, le climat, les approvisionnements, l'état physique des soldats, l'état des âmes, l'élan ou la paresse des cœurs, l'accident heureux ou funeste : quel mélange énorme et trouble. Et comment reconnaitre ce qui doit revenir à la volonté réfléchie et à la pensée directrice d'un homme. De là l'incertitude des jugements portés même sur une seule bataille ; mais de là aussi, pour les esprits sincères qui cherchent dans l'étude de l'histoire militaire, non pas des formules toutes faites et des recettes mécaniques, mais des leçons vivantes et de libres inspirations pour l'avenir, une admirable matière à réflexion et à critique. » Je crois que cela est apparu dans les questions que vous avez posées sur la dimension globale de la question, entre les petits et les grands équipements. Tout se tient.

Il est vrai que la crise de l'habillement, évoquée par Stéphane Trompille, est d'une grande importance. Il est honteux qu'il y ait des problèmes si récurrents sur l'habillement pendant des années, avec indéniablement un impact sur le moral mais aussi sur ce que le soldat dit autour de lui. Pensons au jeune qui peut voir sa vocation écrasée par la prise de conscience du fait qu'il n'est pas toujours traité de bonne manière. Le service du commissariat des armées a connu beaucoup d'atermoiements, avec des vicissitudes que nous connaissons. Mais depuis la prise de fonction du général Piat, on assiste à une véritable reprise, allant dans le bon sens, avec l'ouverture d'un stock centralisé moderne, fondé sur un modèle de commande aussi réactif que celui d'Amazon, et l'ouverture d'un portail de commandes en ligne. On peut toujours se demander s'il faut verser une indemnité d'habillement – comme il y en avait jusqu'il y a vingt ans – mais le risque serait qu'au lieu d'être utilisés pour l'objectif recherché, ces crédits soient considérés comme une forme de complément de salaire. Sans doute faut-il réfléchir à d'autres formules. Une marge de liberté plus grande pourrait être donnée aux régiments. Si les officiers et sous-officiers nous ont fait part des frustrations qui demeurent, ils reconnaissent – et ils se sont exprimés en toute liberté – que des progrès ont été réalisés. Pour ma part, je pense qu'on est sur la bonne voie.

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