Intervention de Pascal Bringer

Réunion du mercredi 23 septembre 2020 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Pascal Bringer, président de l'AFINEF :

Je suis fondateur de la société MASKOTT qui développe une plateforme d'apprentissage numérique avec des contenus. J'ai été enseignant pendant vingt ans. Ces relations de paternité et une forte sensibilité au domaine de l'éducation sont souvent présentes dans les entreprises du secteur. Je suis devant vous en tant que président de l'AFINEF. Il s'agit d'une association créée voici une dizaine d'années qui regroupe des industriels sur la partie numérique éducatif et sur la formation professionnelle, allant de la filiale Éducation d'Orange à des start-ups et des filières variées comme des fabricants d'ENT et de petit matériel pédagogique tel que la robotique utilisée pour l'apprentissage du code. Nous comptons aussi des cabinets de conseil, des libraires et des plateformes e-learning.

Les solutions pédagogiques numériques englobent un panel d'éléments, notamment les ressources numériques éducatives allant du manuel numérique à l'application et aux contenus granulaires présents sur des plateformes, ainsi que des outils plateforme environnement numérique de travail permettant la collaboration entre enseignants et élèves, et avec les écosystèmes administratifs et les parents. Nous proposons également des outils didactiques et technologiques permettant de travailler les fondamentaux en primaire au sein de la classe. Il peut s'agir de petits tapis de jeu pour le travail sur les syllabes ou de petite robotique permettant l'apprentissage du code. Les solutions pédagogiques numériques incluent l'ensemble de ces éléments.

Dans le cadre de la crise sanitaire et du confinement, auxquels nul n'était préparé, nous avons pu mesurer l'apport des technologies mises au service de l'éducation pour dispenser un enseignement durant cette période. Ces solutions numériques pour l'éducation ont plutôt bien fonctionné.

Nous avons constaté un certain nombre de fragilités, notamment sur les infrastructures et l'hétérogénéité des taux d'équipement des enseignants. Certains d'entre eux ne disposaient pas de matériel, travaillaient avec un équipement vétuste ou devaient le partager avec les familles. Nous avons rencontré des difficultés de connexion et des zones blanches dans certains territoires, ainsi que des problématiques d'acculturation des enseignants au numérique. Certains enseignants bien formés ont plutôt correctement vécu cette période de confinement. D'autres n'étaient pas rentrés dans une démarche de formation et d'acculturation. L'insertion de numérique dans la classe n'est pas une évidence. Se pose la question de son utilité, de son intégration et de sa complémentarité avec les outils habituellement utilisés, ce qui implique une acculturation et une formation forte du corps enseignant. Or une hétérogénéité a été observée dans ce domaine. Nous avons constaté que des solutions existantes répondaient de manière adaptée et avons observé un développement des usages.

Un certain nombre de blocages peut être mis en évidence au travers de cette crise. Notre système éducatif a réagi différemment suivant que l'on s'adresse au primaire, aux collèges et aux lycées. Pour ces derniers, les collectivités locales sont bien structurées et connaissent le secteur. Certaines régions avaient ainsi doté leurs élèves d'équipements numériques et avaient fait le choix de déployer massivement des ressources numériques sur leur territoire. Au niveau des collèges, les gros départements disposent de services adaptés. Les plus petits sont plus proches de la mairie ou de la petite commune, dont les services se trouvent parfois un peu désarmés pour équiper les écoles. Le fait que certains enseignants se trouvent seuls ou à deux dans une école complexifie la démarche de formation, ce qui pose question au niveau du primaire.

Les écoles n'ont pas d'entité juridique, ce qui les contraint à s'adresser à la mairie pour passer commande. Ce fonctionnement dissuade parfois lorsque le montant d'une commande est faible. Certains enseignants financent ce type d'achat sur leurs propres deniers. Il convient de trouver une solution à ce frein pour permettre le choix de la ressource et les moyens de l'acheter au plus près des établissements scolaires. Le chef d'établissement pourrait piloter les commandes en tant que tiers de confiance grâce, par exemple, à une cagnotte avec des jetons.

Le concept de plateforme unique est séduisant et a été tenté avec MYRIAE, mais n'a pas fonctionné en dépit du montant d'argent public investi. En raison de la liberté pédagogique, il n'est pas vraiment dans la culture des enseignants de s'adresser à la structure de l'État. Dans les faits, il s'agit surtout de donner des moyens à l'établissement en concertation autour du chef d'établissement ; l'idée n'étant pas de confier une carte bleue à l'enseignant afin qu'il commande chez Amazon des ressources marketées, exotiques et inadaptées à l'école. Il convient d'être vigilant sur cet aspect, mais il faut faire confiance aux enseignants qui sont des professionnels recrutés à BAC+5 et qui ont la capacité d'évaluer les ressources de qualité. Il s'agit d'un réel enjeu.

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