Intervention de Elsa Faucillon

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 17h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

Ce budget repousse l'objectif d'un investissement dans la recherche correspondant à 3 % du PIB à une échéance bien trop lointaine, mais c'est conforme à la LPR et nous l'avions déjà regretté l'an passé lors de l'examen de cette loi.

Ce budget traduit également le choix que vous avez fait dans la loi ORE, consistant à pratiquer une sélection accrue à l'université au lieu de programmer des places supplémentaires pour faire face à l'arrivée des baby-boomers des années 2000 et à la hausse du nombre de bacheliers.

Votre budget consolide aussi la tendance à recruter moins d'enseignants-chercheurs – leur nombre a baissé en dix ans – et à précariser ceux qui enseignent. Les vacataires sont toujours payés très en retard par les universités. Vous vous étiez pourtant engagée à interpeller les universités à ce sujet : peut-être devriez-vous le faire à nouveau. Je regrette également que les frais engagés par les vacataires restent toujours à leur charge. Le recours aux vacataires est désormais un système du fait du manque d'enseignants-chercheurs.

Les crédits du programme Formations supérieures et recherche universitaire passeront, certes, de 13,9 à 14,16 milliards d'euros, mais cette augmentation correspond exactement à l'inflation. Quant aux programmes 172 et 193, leur augmentation est un peu supérieure à l'inflation, mais elle concerne des moyens allant au privé. Ceux alloués aux charges de service public augmentent, pour leur part, au même rythme que l'inflation.

Des milliards d'euros sont déversés dans le crédit d'impôt recherche, alors que son efficacité est en question et que l'on ne sait pas très bien où vont ces montants ni à quoi ils servent. Malgré tout, le CIR est encore en place : c'est fou !

Les enseignants sont laissés seuls face à la gestion de la pénurie. Ils sont contraints de recruter leurs vacataires et de faire de la gestion de ressources humaines. Sur les 472 millions d'euros prévus par la LPR, 114 millions sont destinés à améliorer la rémunération des personnels de recherche, mais l'inflation réduit mécaniquement cette enveloppe qui n'est suffisante ni pour réaliser votre promesse de recruter des maîtres de conférences et des chargés de recherche payés au moins deux SMIC ni pour répondre à la demande des enseignants, mobilisés contre la LPR, de récupérer les 60 000 postes de titulaires manquants pour faire fonctionner le service public de la recherche et de l'enseignement.

Votre budget fait également trop peu pour les étudiants en grande précarité. La crise sanitaire a révélé, mais aussi amplifié cette précarité. Sur les 179 millions d'euros alloués à l'amélioration des conditions de vie des étudiants, 2,5 millions sont dédiés aux aides directes, dont 2,4 millions pour la revalorisation des bourses sur critères sociaux. Ces montants ne sont pas à la hauteur de ce que devrait être une revalorisation significative des bourses. Ils sont dérisoires face à la précarité des étudiants, dont les syndicats demandent un plan d'urgence de 1,5 milliard d'euros. Les moyens que vous prévoyez ne permettent même pas de généraliser les menus à 1 euro sur le court terme, alors que la crise n'est pas derrière nous.

Nous voterons contre ces crédits.

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