Intervention de Éric Bucquet

Réunion du mardi 18 février 2020 à 14h05
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Éric Bucquet, directeur du renseignement et de la sécurité de la défense :

Je ferai une analogie avec les actions que nous menons.

Vous avez évoqué des éléments caractérisant un comportement un peu étonnant. Comme je l'ai dit tout à l'heure, au sein des armées, le compte rendu est décisif : nous avons mis en place une chaîne qui permet de faire remonter tous les comportements anormaux. Comment ?

Tout d'abord, l'encadrement est au contact, et rencontre chaque matin les personnels. Les officiers et les sous-officiers étant sensibilisés par la DRSD, tout ce qui est anormal lui est signalé. L'officier de sécurité, qui est souvent le numéro 2 du régiment, recueille les informations et contacte le poste local de la DRSD – je rappelle que nous bénéficions d'un maillage territorial important puisque nos unités sont présentes partout. Ces échanges remontent ensuite à la direction centrale, à Paris, et, en fonction des éléments dont nous disposons, nous prenons en compte le cas. Nous menons alors une enquête à charge et à décharge, certains signalements étant infondés. Première différence avec la DRPP, donc : ce compte rendu quotidien.

Ensuite, à travers les enquêtes exhaustives que nous réalisons sur nos personnels. J'insiste sur ce point : nous nous intéressons certes à la personne mais, aussi, à son environnement familial. C'est probablement une autre grande différence avec ce qui est en vigueur à la DRPP : nous nous intéressons à l'individu, à son épouse, à ses enfants, à ses ascendants, à ses amis. Nous essayons donc d'élargir le spectre au maximum. La visite domiciliaire permet également d'obtenir des informations sur la personne : nous regardons où elle vit, si elle habite à proximité d'une mosquée salafiste…

Suite à l'affaire de la DRPP, je me suis évidemment demandé si nous pourrions connaître une situation pareille. L'ISR a examiné dans le détail nos procédures ; il ressort que les enquêtes menées notamment par le CNHD, au sein de la DSRD, doivent constituer le modèle de référence, ce que, du reste, la DGSI a confirmé.

Dans un service de renseignement, l'entretien avec le psychologue est fondamental, de même que celui avec l'inspecteur de sécurité de la défense (ISD), car ils permettent de détecter des cas anormaux. L'empreinte numérique est aussi très importante : nous nous intéressons au lieu d'habitation des gens mais aussi à ce qu'ils racontent sur les réseaux sociaux. Tous ces éléments doivent être pris en compte et c'est ce que nous faisons.

Enfin, le rétro-criblage doit être régulier : l'automatisation de nos systèmes nous permet ainsi de revenir sur la situation d'un individu et de vérifier la concordance des informations dont nous disposons.

Les signalements et le rétro-criblage permettent donc de détecter des cas anormaux.

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