Intervention de Loïc Prud'homme

Réunion du mardi 27 mars 2018 à 17h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

Monsieur le ministre, votre gouvernement a « vendu » ce texte comme celui de l'ébauche d'un nouveau contrat social. De cette ambition, nous n'avons pour l'instant rien vu. La commission du développement durable est saisie sur le titre II de ce projet de loi. Cela tombe bien, car il n'y a pas grand-chose dedans. Je pourrais même dire que c'est une coquille vide – une coquille d'oeuf – que nous allons nous attacher ici à remplir.

Nous entendons tracer les grandes lignes de ce que devrait être ce projet de loi face à l'urgence écologique. Nous affirmons vouloir changer de cadre, pas seulement mettre des rustines pour faire passer des problèmes pour des solutions. La France insoumise défend un projet de planification pour une agriculture écologique et paysanne.

Cette agriculture doit répondre à un objectif prioritaire : celui d'assurer notre autosuffisance plutôt que de participer au grand déménagement du monde, ce grand déménagement du monde, qui tue à la fois les hommes et la planète.

En France, l'agriculture devrait générer des centaines de milliers d'emplois directs et indirects, participer à la dynamisation des territoires ruraux et préserver une grande partie de notre patrimoine naturel. Or le modèle productiviste actuel et le système alimentaire qui l'accompagne ne répondent plus à l'intérêt général. La baisse des prix payés aux producteurs et la captation d'une grande partie de la valeur ajoutée par les grandes multinationales engagent les agriculteurs dans une folle course à la compétitivité. La libéralisation des marchés a fait disparaître plus de la moitié des exploitations et des emplois agricoles en vingt-cinq ans.

La majorité des agriculteurs sont victimes de ce modèle. Les maux sont connus : soumission au libre marché et au libre-échange, gigantisme agricole et pesticides chimiques. L'ensemble de notre système agricole et alimentaire repose sur l'utilisation de ressources non renouvelables, contamine l'environnement et contribue à la destruction des sols et de la biodiversité.

Ce modèle constitue non seulement un danger, mais une impasse. Face à cela, surgissent de multiples initiatives d'agriculture paysanne de qualité, d'agriculture biologique, de circuits courts. De nouvelles voies tournées vers l'intérêt général sont possibles. C'est cette vision d'un projet agricole et alimentaire d'intérêt général que nous soutenons.

Nous ne pouvons pas nous résoudre à faire cohabiter, d'un côté une grande agriculture productiviste, et de l'autre une agriculture écologique, de niche et de qualité, réservée à une minorité de consommateurs plus favorisés. Nous souhaitons le développement d'une agriculture paysanne, qui profite à toutes et tous, avec des fermes à taille humaine, pratiquée par des paysans et des paysannes libérés de l'angoisse, de la fluctuation des prix, et des menaces de faillite.

Nous demandons l'interdiction rapide de tous les pesticides et autres néonicotinoïdes tueurs de biodiversité. Il s'agit également de mettre un terme à l'irrépressible artificialisation des sols, pour nous engager sur des objectifs ambitieux en matière de surface agricole utile en bio.

Le bien-être animal, ainsi que la réduction de la part des protéines carnées sont aussi au programme de nos propositions. L'abattage à la ferme y trouvera donc une place importante.

Pour impulser la transition écologique, nous considérons enfin qu'il est indispensable de réformer la gouvernance des institutions agricoles et de flécher les financements publics.

Avec les amendements que nous présenterons ce soir, nous vous proposons donc un cap neuf, celui de la sortie de l'agriculture du logiciel productiviste qui la ronge à petit feu, ainsi que les agriculteurs qui y sont enfermés, pour entrer dans une réelle transition agricole et alimentaire.

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