Intervention de Roland Desbordes

Réunion du jeudi 5 avril 2018 à 10h30
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Roland Desbordes, président de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) :

Quand on parle de radioactivité, il faut tout de suite préciser si l'on parle de radioactivité naturelle, c'est-à-dire de celle qui est dans la nature, sans que l'homme soit intervenu.

La radioactivité des mines d'uranium est naturelle… sans être naturelle, dans la mesure où l'homme a modifié l'environnement. Des pollutions peuvent être causées par des radioéléments naturels qui se retrouvent dans des ruisseaux, dans des lacs, comme celui de Saint-Pardoux, en Haute-Vienne. Et ce n'est pas normal.

Quand on parle des installations nucléaires du type EDF, il n'est plus question de radioactivité naturelle. Si on trouve de la radioactivité dans l'environnement, cela s'appelle de la pollution. Et du point de vue légal et réglementaire, le statut est différent.

Je n'ai pas souvenir que des rejets auraient été complètement cachés. Si cela me revient, je vous ferai parvenir un courrier pour vous en informer. Par contre, des incidents se sont produits dans des centrales et ont été déclarés par les exploitants. Je pense à l'accident dans l'usine Centraco à Marcoule, en septembre 2011 : un four à fusion avait explosé, faisant un mort et un blessé très grave. Centraco est une filiale d'EDF. Pour l'exploitant, il n'y a pas eu de rejet dans l'environnement. Or rien ne le prouve. Nous sommes au contraire persuadés qu'il y en a eu : si un four avec une cheminée explose, il y a forcément des rejets. Nous ne saurons jamais la vérité, parce que l'exploitant ne répond pas. C'est un exemple, parmi d'autres, qui nous amène à nous interroger.

Parfois, on peut apporter des preuves. Ainsi, en juillet 2008, à Tricastin, Socatri a rejeté accidentellement 75 kilos d'uranium dans un petit ruisseau. Le fait a été reconnu. Pour une fois, il y a eu de la communication – trop sans doute au goût des exploitants, des touristes et les locaux. On a même dû changer l'appellation du vin « Coteaux du Tricastin ». L'accident a donc fait des vagues et c'était normal : il y a un rejet interdit dans un milieu interdit – 75 kg d'uranium, ce n'est pas rien dans un ruisseau qui alimente un lac de baignade, et qui sert à l'irrigation. Des sanctions ont d'ailleurs été prises, des plaintes ont été déposées et reconnues.

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