Intervention de Loïc Prud'homme

Réunion du mardi 16 octobre 2018 à 17h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

Je m'étonne, monsieur le ministre d'État, que tout le monde feigne, avec les inondations du début de cette semaine, de découvrir ces phénomènes climatiques et leurs impacts sur les populations. En 1988, j'ai vécu les inondations de Nîmes. On parlait déjà de l'artificialisation des sols et de ses possibles effets dévastateurs. Trente ans plus tard, nous en sommes toujours à peu près au même point. On feint à chaque événement de découvrir que l'artificialisation est un problème, et, pourtant, il n'y a guère que des mesures timides qui sont aujourd'hui prises. Quelles actions pensez-vous mener rapidement ? J'aimerais notamment vous proposer un moratoire immédiat sur la construction de centres commerciaux. Il faut vraiment agir de manière rapide et résolue.

Se pose aussi la question de la manière dont les communes peuvent aujourd'hui faire face à ces phénomènes. Comment peuvent-elles entretenir des exutoires et des digues alors que la dotation globale de fonctionnement a encore été rabotée cette année de 426 millions d'euros, après une réduction de 4 milliards d'euros l'an passé ?

Quant à la mise en cause des services de l'État, notamment des personnels de Météo France, à qui il fut reproché de ne pas avoir prévu ce qui s'est passé, elle me paraît absolument inacceptable : qui donc est responsable de la trajectoire de ce service public ? Ce sont 380 équivalents temps plein (ETP) qui ont disparu en six ans, tandis que vous-même prévoyez 90 ETP en moins par an jusqu'en 2022, et 5 millions d'euros de budget en moins. Dans ces conditions, comment les services d'expertise de l'État peuvent-ils fonctionner ?

Plus généralement, en fait de changement climatique et de transition écologique, les paroles sont nombreuses, mais les actes assez rares. Dans le cadre de ce projet de loi de finances, les niches fiscales sont maintenues. Par ailleurs, rien n'est fait pour s'opposer à des traités « climaticides », tels le Comprehensive Economic and Trade Agreement (CITE) et le Japan-EU Free Trade Agreement (JEFTA).

Manquent également 10 à 20 milliards d'euros pour que l'augmentation des températures reste à peu près contenue dans la limite de 1,5 degré et que l'on puisse continuer à vivre à peu près correctement et normalement sur cette planète. Cette augmentation de votre budget dont vous vous targuez n'est pas à la hauteur des enjeux : 0,22 % !

Si vous voulez des solutions, quelques lignes budgétaires, d'un montant de 8,5 milliards d'euros, vous sont proposées dans le cadre du contre-budget 2019 de La France insoumise. Cela nous paraît répondre à cette ambition d'être à la hauteur des enjeux climatiques, qu'a déjà évoquée M. Pancher.

Je m'inquiète donc de la trajectoire que vous suivez, mais aussi de la nomination de Mme Wargon, cadre de Danone qui expliquait au mois de juillet dernier que l'huile de palme était indispensable à la fabrication de lait infantile et promouvait les organismes génétiquement modifiés (OGM). Quelle cohérence avec vos belles déclarations ? Et comment croire à la sincérité de votre budget lorsque nous voyons qui le mettra en oeuvre ?

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