Intervention de Elsa Faucillon

Réunion du mardi 6 novembre 2018 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

Je vous crois sincère, madame la ministre, lorsque vous affichez vos ambitions. Pourtant, je m'associe aux inquiétudes déjà exprimées par d'autres collègues concernant vos crédits. J'aurais préféré que nous puissions discuter de tel ou tel pourcentage, de l'indexation de crédits sur l'inflation. Mais avec un budget ainsi réduit à la portion congrue, ce qui se profile est l'abandon par l'État du service public du sport, que l'on va laisser à la charge des fédérations et des collectivités territoriales.

Pourquoi le sport est-il choisi comme variable d'ajustement de la dépense publique ? Pourquoi ne peut-on rencontrer un acteur du monde sportif ou associatif qui soit satisfait des orientations prises ? Pourquoi les initiatives, tribunes, pétitions, se multiplient-elles ? Parce que cette nouvelle baisse des crédits, couplée à une réforme de la gouvernance des plus floues, met en péril le sport français. Ce n'est pas seulement moi qui le dis, ce sont les sportifs et sportives de tous niveaux, ce sont les directeurs et directrices techniques nationaux, c'est le mouvement associatif et les bénévoles. Madame la ministre, vous les rencontrez. Il est urgent de les entendre.

En creux – et il n'y a ici aucune dramatisation, ce sont les faits – c'est l'avenir du ministère des sports qui se joue. Sur l'injonction du désormais fameux rapport des experts d'« Action publique 2022 », il semble que l'État soit en train de s'interroger sur la pertinence de maintenir un ministère des sports. Son administration déconcentrée est noyée dans le pôle des affaires sociales, son inspection générale sera sans doute bientôt rattachée à celle de l'éducation nationale et les CTS transférés aux fédérations. Avec la création de la nouvelle Agence nationale du sport, ses compétences et son pouvoir de contrôle seront fortement réduits. Ces orientations me semblent dangereuses car je crois au rôle premier de l'État dans ce domaine.

En effet, le sport est un service public dont les piliers sont l'éducation nationale et le monde associatif. Comme tout service public de première importance, il doit faire l'objet d'un soutien sans faille de l'État. Ce service public repose sur l'engagement de deux millions de professionnels et de bénévoles. Certes, les structures du marché privé répondent à certains besoins. Mais elles n'offrent pas la même dimension éducative ni le même encadrement que les clubs et les fédérations. L'exercice physique et la pratique du sport ne doivent pas être confondus. C'est pour cela que le sport doit faire l'objet de politiques publiques spécifiques dont seul l'État peut être le garant.

Je ne propose pas l'immobilisme : les pratiques et les désirs évoluent, nous le voyons partout, on demande, c'est vrai, plus de flexibilité dans les horaires – malheureusement, parfois, en raison des conditions d'emploi et de transport. De nouvelles pratiques émergent. Nous devons travailler à les articuler au mieux avec les clubs, à améliorer les créneaux horaires des équipements, à accompagner les fédérations pour offrir de nouveaux services.

Pour ce faire, il faut un budget permettant d'exécuter un grand plan de rattrapage pour les territoires carencés en équipements sportifs. La suppression du CNDS laisse cet enjeu sans réponse. Il faudrait donc un budget qui permette de soutenir les collectivités territoriales et les clubs, un budget tout simplement à la hauteur de ce qu'apporte le sport.

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