Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du mercredi 16 janvier 2019 à 21h30
Programmation 2018-2022 et réforme de la justice — Article 6

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Sous couvert d'une volonté de déjudiciarisation, cet article 6, qui veut donner aux directeurs de CAF la possibilité de réviser le montant des pensions alimentaires, fait couler beaucoup d'encre. Quelle drôle d'idée dans notre époque moderne que de vouloir absolument mélanger les métiers en permettant aux notaires de jouer aux avocats et aux directeurs de CAF de jouer aux juges ! Imagine-t-on un directeur de prison aménager une peine prononcée par un juge pénal ? Non. Imagine-t-on l'administration fiscale revenir sur la décision du juge de l'impôt en amodiant une peine ? Non plus. Ce serait créer un nouveau verrou alors que nous avons quasiment supprimé le verrou de Bercy.

En outre, ces dispositions posent le problème des garanties du justiciable. Je ne vois aucune référence à l'article L. 731-1 du code de l'organisation judiciaire qui permet de récuser un juge à certaines conditions. Si un directeur de CAF ou son conjoint a un intérêt personnel à la révision de la pension, sera-t-il en droit de le faire ? S'il est parent ou allié de l'une des deux parties, sera-t-il possible de le récuser ? Nous savons qu'un justiciable peut récuser un juge aux affaires familiales s'il découvre qu'il a partie à son affaire. Comme, à ma connaissance, vous n'élargissez pas ce mécanisme de protection des justiciables aux directeurs de CAF, j'en déduis qu'il n'y a plus aucune protection juridique à même d'assurer l'impartialité des décisions. Mais vous m'indiquerez peut-être au cours de la discussion à quel niveau du texte vous avez introduit des garde-fous.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.