Intervention de Sébastien Jumel

Réunion du mercredi 30 janvier 2019 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

Un machin sans moyens : lorsque nous avons créé l'ANRU en considérant qu'il fallait mettre d'importants moyens là où les populations étaient les plus fragiles, nous avions débloqué des moyens exorbitants du droit commun. Ici, comme le veut la mode, on nous dit qu'il va falloir dépenser mieux en dépensant moins, et que nous devrons apprendre à nous passer de ce que l'on ne peut pas nous donner – traduisons : on donnera à ceux qui ont beaucoup et les autres s'en passeront. Voilà ce que l'on dit aux maires !

Le Président de la République redécouvre leur utilité. J'aime la proximité, j'aime la commune, nous dit-il ; demain il fera beau s'il ne pleut pas, et autres vérités de La Palisse… Dans le même temps, l'inspection académique de ma région annonce la fermeture des regroupements pédagogiques intercommunaux (RPI) de moins de trois classes. Dans le même temps, les fonds européens LEADER, qui servent à soutenir la ruralité, sont en carafe ! Certains projets en attente de subventions ont été réalisés alors que les subventions en question n'ont pas été versées !

Au fond, il s'agit d'une agence de dévitalisation et de déménagement des territoires, de recul de la République pour tous et partout. Nous aborderons le présent texte avec l'esprit constructif qui nous caractérise : nous nous emploierons à le densifier, à veiller à ce qu'il prévoie des moyens, à faire en sorte que les élus soient associés aux décisions qui les concernent. La République, c'est la péréquation et l'égalité d'accès. Quel que soit son lieu de résidence, chacun doit pouvoir accéder à la mobilité, au numérique, aux services publics, aux projets. Il faudra donc veiller, par cette agence, à ce que les mécanismes de péréquation et d'égalité territoriale soient au rendez-vous.

Cependant, comme l'a dit M. Benoit, ce machin s'additionne aux territoires d'industrie et s'accompagne de la fermeture de chambres de commerce et de chambres de métiers. En clair, tous les outils qui servaient à mailler le territoire disparaissent au profit d'une agence dont on ignore de quels moyens elle disposera pour se porter au chevet des territoires les plus fragiles. C'est le « en même temps » : on vous explique qu'on vous aime et, en même temps, on vous étrangle, on vous abandonne. Ce serait drôle s'il ne s'agissait pas de vies et de territoires broyés, de projets auxquels on renonce, et d'une partie de la République qui ne se sent pas partie prenante du projet collectif. Au moment où les cahiers de doléances se remplissent en France et en Navarre, où les députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine n'ont de cesse de rapporter les récits de la colère et les espoirs des habitants, j'ai bien peur que cette agence ne soit pas au rendez-vous.

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